L'illusion c'est l'ignorance !

Une longue journée en perspective. Alors qu'elle s'était rendue à la réunion d'alchimistes qui avait finalement mal tourné, elle avait eu une sacrée confrontation avec son boss et pour finir s'était décidé à retrouver la trace de son frère. Un nombre incalculable de coups de fil aux différents hôtels de la ville, heureusement, il n'y avait n'en avait pas non plus une tonne ou alors Guéwen y serait toujours à l'heure actuelle. Enfin, l'alchimiste fut plus que ravit de trouver celui qui logeait son frère et décida d'y aller pour parler de sa présence dans cette ville, mais surtout de sa réaction débile lors de la réunion. Vouloir, se faire, torturer, non mais d'où cette idée saugrenue lui était venu . S'il voulait souffrir qui le fasse loin d'elle. Des fois, la famille s'était vraiment un poids, à cause de son frère, elle avait dû tenir tête à son tortionnaire et cela devait un public assez conséquent. Il fallait vraiment qu'il apprenne à réfléchir avec sa tête. Puis c'était quoi cette tenue . Était-il gay sans jamais ne lui avoir rien dit ? Ou alors au lieu d'être magicien, il était devenu clown, s'était à voir. Après tout, l'art d'être ridicule, il avait l'air de le maîtriser à présent.

Allumant son GPS pour trouver l'hôtel, cela ne faisait que très peu de temps qu'elle était arrivé à Marblehead, elle ne pouvait pas déjà connaitre la ville par cœur, a moins d'avoir été une carte des États-Unis dans une autre vie, mais encore cela était risqué vu que les humains semblaient aimer le changement avec tous ses travaux. Enfin, tout ça pour dire qu'elle arriva dans le quartier nord, puis finalement devant l'hôtel grâce au GPS de sa voiture. Garant sa voiture, elle alla à la rencontre de celle qui tenait l'accueil et demanda le numéro de la chambre.

Il fallait l'avouer, Guéwen était légèrement stressée de se retrouver face à son frère. Leur rapport froid depuis cinq ans ne l'aidait pas à se sentir mieux, mais le pire restait qu'elle voulait le voir quitter Marblehead, loin de Shawn et du centre. Oui, il était hors de question que son frère se retrouve dans une cellule. As ne devait pas se douter de ce qu'elle avait vécu durant ses six longs mois et elle ne souhaitait pas qu'il le découvre. Son instinct protecteur n'avait finalement pas disparu, même si elle dirait qu'elle agissait ainsi par égoïsme pour se couvrir.

Prenant trois grandes aspirations devant la porte de sa chambre, elle frappa d'un rythme régulier et entendit du mouvement. Bon, il était là. Gardant un visage impassible, elle préparait son discours dans sa tête fit couper de cours quand le visage d'une jeune femme apparut. Non mais c'était qui elle ? Vérifiant de nouveau le numéro de la chambre, non, elle ne s'était pas trompée.

- Je m'attendais à voir As !

Guéwen examine la jeune femme, son teint pale était fort étrange, sans parler de l'ombrelle qui apparaissait dans la chambre derrière elle. Sérieusement est-ce que son frère s'amusait à fréquenter une moroï ? N'avait-il pas appris de l'erreur de leur ainé ? Non, mais il se droguait ou quoi . Cela expliquerait beaucoup de choses. Finalement, d'un air hautain, elle demanda :

- Est-ce qu'il est là ?

L'illusion c'est l'ignorance !

« On ne devient pas infidèle sans le vouloir. Sans réfuter l'existence des désirs furtifs et des moments d'égarement, l'homme agit en fonction de son éthique et de la morale de son temps. N'est pas infidèle l'homme qui rêve d'une autre femme ou qui admire un corps dévoilé ou dénudé. En revanche, chacun sait ce qu'il promet et à qui, à quoi il s'engage et comment respecter sa parole pour pouvoir se respecter lui-même ». Ce préambule me permettait de présenter Louis, le héros d'un reportage bas de gamme sur la fidélité des hommes. Il était âgé d'une soixantaine d'années, depuis peu retiré de la direction de son usine. Veuf depuis des années, il proclame être resté fidèle à son épouse, pendant tout le temps de leur union et depuis lors. Il était étonnant de voir à quel point il aimait sa femme. J'en oubliais presque le sujet initial, il en était tellement amoureux que lorsqu'elle est morte, il a arrêté de vivre. C'était si triste et dire que le sujet de départ parlait des hommes infidèles... Et c'est comme ça, affalé sur le lit à peine fait, que j'ai passé le reste de ma journée. J'ai regardé des émissions qui étaient censées être instructives.

À ce moment même, je me sentais terriblement seule. As était parti, m'abandonnant lâchement dans cette chambre d’hôtel. Ma seule compagnie était cette maudite télé et ce reportage sur l'infidélité. Finalement, ce magicien était comme eux. Il m'amenait dans une ville et me laissait mourir d'ennui ! Et puis, j'ai jamais ou grand jamais aimé me réveiller seule alors que je me suis endormi avec quelqu'un. Bien évidemment, il ne s'était strictement rien passé entre As et moi, je m'étais même endormi comme une souche sur le canapé, mais le fait restait le même, je n'aimais pas ça. Je me sentais comme ses pauvres filles qui ramenaient un type chez elle et se retrouvaient seule pour le petit-déjeuner. Je suis sûr que vous êtes en train de plaindre les mecs qui ont passé une nuit avec moi ! C'est pour ça que j'ai l'habitude de dormir sur les personnes, comme ça, je suis sûr qu'ils ne partiront pas. C'est l'angoisse de tout enfant abandonné, être une fois encore laissé pour compte.

Alors, pour parer à mon ennui, je me laissais envahir par les émissions et avalais une tonne de petit gâteau. Quand je ne roulais pas dans mon lit, je faisais les cent pas, attendant qu'il rentre. Maintenant, je me sentais comme les femmes mariés qui attendaient leurs maris infidèles. Mon imagination était définitivement trop développée. J'ai mis un certain temps à me décider de quitter cette chambre. Pourquoi devrais-je l'attendre ? Je pouvais visiter la ville toute seule, comme une grande. J''allais m'amuser. J'enfilais une de mes robes et arrangeais mes cheveux. J'étais parfaite pour sortir et rencontrer des nouvelles têtes ET surtout, j'allais manger de la vraie nourriture. J'aillais prendre mes affaires et sortir, mais il se passa quelques choses de fantastique. J'avais une visite ! La porte s'ouvrit sur un visage inconnu et surtout froid.

- Je m'attendais à voir As !

J'étais aussi chez moi, enfin, si on peut appeler une chambre d’hôtel comme ça. La jeune femme me détaillait du regard. Je me sentais violé par le regard. Son comportement me faisait bien comprendre que je n'étais vraiment pas la personne qu'elle voulait voir, puis, comme pour vraiment le préciser, elle ajouta :

- Est-ce qu'il est là ?

Je regardais derrière moi et je ne sais vraiment pas pourquoi j'ai fait ça. Il était évident qu'il n'était pas là, sinon, je n'aurais pas passé tout mon temps à l'attendre.

- Non, mais il ne va pas tarder

J'entrevis la porte de cette joyeuse chambre pour la laisser entrer, j'étais persuadé que ce n'était pas le genre de femme à partir sans attendre.

- Installe-toi où tu veux... Je pointais du nez le canapé d'une façon maniéré. As déteint sur moi, misère. N'hésite pas à pousser les affaires d'As, il aime s’étaler.

Je la laissais entrer. Qui était cette mystérieuse femme ? Ce fut à mon tour de la regarder de bas en haut, mais du manière plus discrète qu'elle, oui, parce qu'elle était de dos. Elle était très belle, suffisamment belle pour As. Quoique un peu trop grande. Et si c'était vraiment le cas ? Qu'est-ce que je faisais là ! Déjà, il me faisait attendre pendant des plombes et il osait donner rendez-vous à une déesse dans NOTRE chambre d’hôtel ! C'était définitif, je le prenais mal.

- Et donc, tu connais As depuis longtemps ?

Oui, j'avais osé lui demander, j'avais besoin de savoir.

L'illusion c'est l'ignorance !

Petite, Guéwen avait été une grande fervente des surprises, mais ça c'était avant. Maintenant, le mot d'ordre c'était le contrôle. Contrôle des sentiments, des actions autour d'elle et surtout d'elle-même. Protéger par une barrière qu'elle avait forgée, la compassion et les sourires sincères s'étaient retrouvés étouffés par un air hautain et des réactions assez sévères. Pour être forte, il lui fallait aucun attachement, aucune pitié et cela allait se montrer difficile si son frère était décidé à rester à Marblehead. Déjà qu'elle devait lutter contre les souvenirs en commun avec Shawn, donc si As en rajoutait, elle ne savait pas si elle arriverait à garder la tête froide bien longtemps. Bien décidée de lui faire quitter la ville, et surtout lui faire comprendre qu'il avait agi comme un gamin lors de la réunion, elle s'était pointée à sa chambre d'hôtel. Là, une surprise l'attendait, une jeune femme lui ouvrir la porte, une jeune femme au teint bien pâle qui lui fit directe penser à une moroï. Son frère avait vraiment perdu la tête, fréquenté une de ces créatures était dangereux, surtout parce qu'il lui était à présent impossible de concevoir qu'il était des personnes de confiance. Après tout, son autre frère avait été tué par sa petite amie Moroï. N'était-ce pas la preuve qu'ils étaient le mal ?!

L'observant de haut en bas, elle lui annonça franchement et d'un air hautain qu'elle s'attendait à voir As et lui demanda s'il était là. Rien d'apercevoir une ombrelle au fond dans la chambre, la poussait encore plus à croire qu'il s'agissait d'une Moroï. Irait-elle le dénoncer ? Bien sûr que non, mais il aurait surement le droit à une bonne morale, la spécialité de Guéwen. Puis, s'il continuait dans cette voie, elle ne pourrait pas le protéger bien longtemps, au moins il serait prévenu.

- Non, mais il ne va pas tarder

Était-il au moins rentrer depuis la réunion ? Est-ce que Shawn ne lui avait pas menti en lui disant l'avoir laissé partir ? Elle voulait en avoir le coeur net et donc était décidée à rester ici jusqu'à son arrivée. La compagne de son frère du le comprendre à mon avis, vu qu'elle venait de lui laisser un passage pour passer.

- Installe-toi où tu veux...N'hésite pas à pousser les affaires d'As, il aime s’étaler.

Rentrée à l'intérieur, Guéwen observa la chambre. De suite, elle remarqua le désordre, mais bon cela la dérangeait beaucoup moins que la nature de la jeune femme. D'apparence, elle ne paraissait pas très dangereuse, mais il fallait toujours se méfier. Préférant resté debout, elle se retourna vers la jeune femme quand celle-ci reprit la parole.

- Et donc, tu connais As depuis longtemps ?

Drôle de question, est-ce que cette fille connaissait réellement bien son frère ? Bon, il est vrai que depuis cinq ans, ils étaient en froid, donc il était possible qu'elle n'ait pas entendu parler d'elle, mais tout de même. Après, il était vrai que Guéwen ne l'avait jamais vu non plus. Finalement, elle répondit d'un franchement pas amical.

- Certainement plus que toi.

Elle était encore ahurie qu'il ose fréquenter une Moroï. N'apprenait-il rien des erreurs des autres ? C'était vraiment un crétin, elle se ferait un plaisir de lui dire. Vu l'état des valises, cela ne devait pas faire longtemps qu'ils étaient arrivés en ville et elle était bien décidée à leur faire partir assez rapidement. D'ailleurs, elle rentra directe dans le vif du sujet.

- D'ailleurs, vu que tu as l'air proche...Tu sais ce qu'il fiche ici ?

Oui, quelle idée saugrenue avait mené As ici ? Elle était intéressée de le savoir. Est-ce que c'était une vengeance de Shawn ou alors vraiment une idée de son frère ? Cela ne pouvait pas être un hasard, elle n'y croyait pas.

- Je n'ai su sa présence ici que durant la réunion de tout à l'heure.

L'illusion c'est l'ignorance !

Jamais je ne m'étais senti autant mal à l'aise. À travers son regard, je pouvais voir tout son dédain, elle ne me connaissait pas, mais elle me haïssait. J'étais dans ma chambre d’hôtel et pourtant, je ne me sentais pas à ma place. J'ai grandi avec ce sentiment, celui d'appartenir à aucune famille, de ne pas être accepté parce que je n'était pas à ma place, mais elle, elle avait un tel poids dans son regard que je regrettais presque cette époque. J'étais courtoise, je l'avais autorisé à attendre As, je lui ai proposé de s’asseoir, mais elle refusait tout entente. Elle resta debout et observait. Dans la savane, elle serait la lionne alors que moi, je serais le gnou malade.

Décidément, As avait vraiment des goûts particuliers pour les femmes. Certes, elle était magnifique, mais qu'est-ce qu'elle était... Froide. Comment un homme aussi surprenant qu'As pouvait sortir avec une femme aussi aigre ? Je ne savais pas comment me comporter avec elle. Devrais-je lui sourire ou avoir un visage fermé ? Parler constamment ou me confiner dans un mutisme sélectif ? Finalement, je tentai désespérément de combler le silence, je préférais la voir parler que rester mutique, elle deviendrait peut-être moins intimidante. C'est ce que je croyais, mais en entendant sa réponse, je compris que rien ne pouvait la rendre plus sympathique.

- Certainement plus que toi.

Encore une fois, j'aurais dû tenir ma langue. Avoir une réelle discussion avec elle ne devait pas être de tout repos. Toutefois, cela me donna plus d'information. Ils se connaissaient avant notre arrivée à Marblehead. Elle n'était pas qu'un plan d'un soir rencontré dans un bar. Peut-être que leurs relations avaient commencé comme ça... J'avoue que mon visage se décomposa devant elle. Encore une fois, je ne savais pas quoi dire, ni quoi faire, mais j’optais pour une onomatopée silencieuse et de m'installer sur une chaise. Puis, ce fut à son tour de meubler le froid qu'il y avait entre nous.

- D'ailleurs, vu que tu as l'air proche... Tu sais ce qu'il fiche ici ?

L'air proche, ce n'était pas une hypothèse, on est proche ! D'accord, je ne savais pas qui elle était, mais est-ce qu'on connaît réellement toutes les personnes qui entourent un ami ? Je ne crois pas non ! J'allais lui répondre, mais elle continua sur sa lancée et évidemment, sur le même ton.

- Je n'ai su sa présence ici que durant la réunion de tout à l'heure.

Là, je nageais en pleine confusion. Quelle réunion ? De quoi parlait-elle ? Jamais il ne m'avait parlé d'une assemblée ou autre. Je savais pertinemment qu'il me cachait des choses, mais tout le monde à le droit d'avoir un jardin secret, non ? J'allais répondre à sa première question, mais je cherchais toujours les réponses à mes questions.

- Il veut tester un nouveau public pour ses spectacles de magies et prendre plus de risque, connaître le grand frison.

Du moins, c'est ce qu'il m'avait annoncé. Je n'ai jamais eu autant envie de le voir franchir cette porte... D'abord, elle m'effrayait et je voulais vraiment savoir de quoi elle parlait et puis aussi savoir qui elle était ! Mais je devais me débrouiller seule. Pour un rassemblement de magiciens, on appelle ça une réunion ? Non, les illusionnistes utiliseraient des termes plus inspirés. Tout ce qui me venait à l'esprit, c'était les réunions des alcooliques anonymes, mais ça ne tenait pas, As buvait de l'alcool et pas en petite quantité. Pourtant, cela expliquerait tellement de choses, ces disparitions à répétition, ce comportement étrange quand je veux parler de son passé. Et s'il avait replongé durant notre rencontre et qu'elle était sa marraine ? Ça expliquerait aussi son comportement à elle, parce qu'elle me tiendrait responsable de sa rechute ? As serait alcoolique ? Mon ton était tellement plus courtois que je m'étonnais presque.

- Il aime surprendre... La réunion s'est bien passée ?

Je n'avais pas encore assez d'information, je ne pouvais pas décemment l'accuser d'être une ancienne ivrogne de cette manière. Je me relevai de ma chaise et mis la théière en marche. Je ne savais pas si elle voulait du thé, mais j'avais un besoin urgent de faire quelques choses. Tout en versant l'eau froide, je me mis à la questionner :

- Et ça fait longtemps que vous participez à ses réunions ?

C'était subtil et non accusateur. J'espérais simplement qu'elle ne soit pas en manque et qu'elle ne tente pas de me tuer pour avoir de l'alcool. Elle était le genre de femme prête à tuer pour obtenir ce qu'elle voulait. De ça, j'en étais certaine.

L'illusion c'est l'ignorance !

Prendre des pincettes n'avait jamais été une de ses qualités, même avant son reconditionnement, sauf qu'avant, elle aurait surement été plus tendre dans ces termes et aurait laissé Fay, la légitimité du doute. Oui, là, elle pensait de plus en plus qu'il s'agissait d'une Moroï et rien que ce fait, la rendait de très mauvaises humeurs. Après, elle avait une excuse, Guéwen ne souhaitait pas revivre la perte d'un autre frère à cause d'une de ses créatures. Pourquoi faire la même erreur ? Elle trouva cela inconcevable. N'avait-il pas lui-même souffert de la mort de leur aînée ? Souvent, Guéwen revoit la scène où elle rentre dans la chambre d'hôtel et retrouve le corps sans vie de son frère auprès de cette Moroï, mais la vision qui la choque le plus, c'était leurs sangs, il y en avait partout. L'alchimiste avait perdu son sang-froid et attaquer ceux que se trouvait dans la pièce, la suite de l'histoire était bien connue. Elle fut conduite au centre de redressement et n'y était sortie que six mois plus tard, très différente de celle qu'elle avait été.

Manquant totalement de patiente, Guéwen voulait obtenir des réponses rapidement, déjà connaitre la raison de la présence de son frère à Marblehead, puis ensuite avoir la certitude d'avoir affaire à une Moroï. Et si, c'était le cas, elle l'expédierait bien loin de la famille Zhang, protégeant son frère de ses propres démons. C'était à quoi servait une famille, même si elle prétendait ne plus se soucier de lui, toutes ses réactions des dernières heures prouvaient le contraire. Demandant d'abord ce qu'il fichait ici, Guéwen ne lui laissa pas placer un mot et ajouta qu'elle n'avait su sa présence que durant la réunion qui avait lieu dans la journée.

- Il veut tester un nouveau public pour ses spectacles de magies et prendre plus de risque, connaître le grand frison.

Sérieusement ? C'était l'excuse qu'il lui avait donnée. Guéwen n'y croyait pas ses oreilles, comment avait-il pu croire de telles balivernes ? Découvrir le grand frisson à Marblehead avec un nouveau public pour sa magie . C'était plutôt des grands frissons à croiser la ribambelle de strigoi de cette ville. Puis dans le fond, s'il était véritablement attaché à cette fille, ce n'était certainement pas ici qu'il fallait l'emmener. Quel crétin, elle n'en démordrait pas qu'il collait bien a ce terme.

- Il aime surprendre... La réunion s'est bien passée ?

C'est sûr que pour surprendre, il allait surprendre. Déjà, il faudrait qu'il trouve un endroit ou se représenter, mais surtout ou ne pas paraître louche. Car Marblehead avait beau avoir son lot de bizarrerie, un magicien venu de Las-Vegas pour ouvrir son horizon, c'était hors contexte. Marblehead n'était pas une des plus grandes villes du Montana. Cet moroï semblait bien crédule, tout de même. D'ailleurs, la vraie surprise de Guéwen pour le coup, fut de la voir se préparer du thé. Était-ce un moyen de lui faire croire qu'elle n'était pas un vampire ?

- Et ça fait longtemps que vous participez à ses réunions ?

La conversation devenait vraiment étrange. Le mot réunion venait d'être employé au pluriel, mais de quoi pensait-elle parler ? Guéwen n'était pas dupe, elle reconnaissait les signes. La petite amie d'As semblait ignorer ou il était passé ce matin. Ou alors elle le pensait alcoolique . Là-dessus, Guéwen ne pourrait pas lui en vouloir, car ces dernières années Asaël était devenu différent, aussi différent qu'elle en fait. Voulant lui faire comprendre qu'elle avait compris clair dans son jeu, elle annonça :

- Plusieurs réunions ?!

Ce fut la première fois de la journée que Guéwen vint à sourire. La situation dans laquelle, elle se trouvait n'avait rien de drôle, mais ce n'était pas tous les jours qu'on essayait de lui arracher des informations et surtout qu'elle aurait failli se faire prendre.

- Je constate qu'Asaël ne t'a pas dit où il se rendait ce matin. Très bien, l'erreur me revient, il n'est pas aussi crétin que je l'aurais pensé.

Oui, jamais elle n'aurait dû évoquer la réunion qui avait eu lieu, mais remarquer la présence d'une moroï dans la chambre de son frère avait de quoi la rendre folle. Finalement, elle décida de se montrer franche et de prendre le taureau par les cornes, sans buter sur aucun mot, elle demanda :

- Nos parents ne m'ont pas parlé d'une petite-amie officielle, alors pourquoi te cacher aux yeux de tous ?

L'illusion c'est l'ignorance !

Il existe des moments bien particuliers où tout ce que vous voulez, c'est de disparaître en un claquement de doigts ou alors avoir la cape d'Harry Potter ou alors posséder les chaussures rouges de Dorothée. C'était peut-être le bon moment d'avoir de réel pouvoir et me faire disparaître avec une baguette magique. Oui, croire au père noël aurait exactement le même effet... et si As ne revenait pas ? Et si je devais passer encore des heures à l'attendre, mais avec en prime une sadique au regard glaciale ? Et moi qui avais faim... Je réfléchissais à comment me débarrasser d'elle, mais tous les plans orchestrés finissaient de la même manière, je me faisais découper, balancer par la fenêtre, enfin, rien de réjouissant. Bien sûr, j'avais peut-être des préjugés, peut-être qu'elle n'était froide qu'en apparence. On dit souvent que les premières rencontres sont souvent trompeuses... Enfin là, je ne voyais pas en quoi je pouvais me tromper.

Toujours aussi droite sur ses pieds, me prenant de haut, elle mit un sujet sur la table, la 'réunion de ce matin'. Sur le mot qu'As avait laissé, il n'avait pas mentionné de réunion. Pour en être sûr, j'aurais pu soulever ses amas de vêtements pour retrouver ce fichu bout de papier, mais devant elle, je restai camper sur mes positions. Je n'allais pas me rendre encore plus ridicule. En plus de tout cela, elle se rendit bien compte que je ne savais pas du tout de quoi elle parlait et pourtant, ma réponse était bien ficelée. Cette femme n'était pas humaine, c'était un cyborg ! As voulait coucher avec un robot ! Oui, pour avoir ses sensations fortes, il allait les avoir ! À force de cogiter dans mon cerveau et ayant une imagination débordante, j'imaginais tout et n'importe quoi. Peut-être qu'As était vraiment un alcoolique ou alors il était adepte du SM et cette femme était sa dominatrice. Et alors qu'elle me posait une question, je l'imaginais, toute de noir vêtue, fouet en main, marchant avec son talon sur le dos d'As. Je secouais légèrement la tête pour chasser cette image odieuse de mon esprit. Je devais répondre à sa question et j'avais deux options. La première étant de continuer le bluff, mais j'étais à coup sûr de perdre ou j'avouais tout.

- Oui enfin... D'accord, je ne sais pas du tout de quoi tu parles

Parfois avouer est la meilleure solution. Puis, vint le moment où un léger sourire se dessina sur son visage, comme je le pensais, c'était d'autant plus effrayant. Des légers frissons me piquèrent la nuque. Oui, je ne pouvais plus faire semblant, As était vraiment un adepte du SM et ce qu'elle me dit après ça ne fit que confirmer mes pensées.

- Je constate qu'Asaël ne t'a pas dit où il se rendait ce matin. Très bien, l'erreur me revient, il n'est pas aussi crétin que je l'aurais pensé.

Je fus surprise par une telle réponse, tellement que je lâchai une onomatopée qui ressemblait vaguement à un 'okay'. Puis, elle continua sur sa lancée :

- Nos parents ne m'ont pas parlé d'une petite-amie officielle, alors pourquoi te cacher aux yeux de tous ?

Elle avait lâché une bombe qui m’explosait en plein visage. Alors déjà, j'étais loin d'aimer le 'officielle', si on sortait vraiment ensemble, il n'y aurait que moi et moi seule et en plus, non, je n'étais pas la fausse petite amie d'As. ET PUIS, la dominatrice était sa sœur ! Je me sentais horriblement mal de les avoir imaginées ensemble et rien que de culpabiliser me faisait venir d'autres images. Un vilain cercle vicieux.

Me 'cacher aux yeux de tous', je n'avais jamais vu les choses comme ça, mais c'était vrai. On se connaissait depuis plus de deux ans et jamais je n'avais vu un membre de sa famille. C'était vexant, mais elle n'avait pas tort. À contre cœur, je me résignai à croire que c'était dû à mon état. J'étais une albinos.

- N'est-ce pas si évident ? Je présume que ma tare génétique ne plairait pas à tes parents...

'Ni à toi apparemment', j'aurais aisément pu finir ma phrase avec ça, mais je ne voulais pas voir sa réaction. Je me sentais suffisamment mal comme ça. J'étais maudite. Je me levai pour éteindre la bouilloire qui commençait à fumer et il me vint à l'esprit que je n'avais pas protesté devant son interrogation. Je n'étais pas sa petite amie.

- Petite amie est un bien grand mot pour notre relation, on vit simplement ensemble.

'Il préfère les hommes', j'aurais tellement aimé prononcer ses mots, mais je n'étais déjà pas en bons termes avec elle, je n'allais pas non plus risqué qu'elle s’offense. Je remplis une tasse d'eau chaude et la tendis à mon invité qui ne s'était pas présenté avant de finir ma journée en beauté.

- Et votre frère est aussi du voyage ?

Bien sûr, à ce moment-là, je n'avais aucune idée de ce que je venais de dire, mais si déjà, je culpabilisais pour l'histoire du SM, là, j'allais m'en mordre les doigts.

L'illusion c'est l'ignorance !

Pouvoir réussir à avouer ses torts n'était pas chose aisée, surtout pour une personne fière comme Guéwen et pourtant, là, elle reconnaissait qu'elle avait agi sans réfléchir, balançant le terme réunion, sans savoir si la Moroï face à elle était au courant de tout. Tout n'était qu'apparence, Guéwen avait pensé qu'en étant en couple avec l'interdit, son frère viendrait à tout lui dire, tout partager. Elle, un sort l'empêchait de tout avouer à son petit ami humain, et même sans cela, elle ne lui aurait rien dit, car au fond, c'était plus son statut social qui l''intéressait que l'homme à proprement parlé et Guéwen n'avait pas honte de le dire. L'amour n'était qu'une faiblesse, elle avait conclu cela durant son reconditionnement, c'était le sentiment de l'attachement qui l'avait poussé à tenir bon, oui cela pouvait être une force, mais une mauvaise force, car mieux aurait valu qu'elle ne se retrouve jamais dans cette cellule. En tout cas, les deux jeunes femmes avaient réussi à se remettre en place, l'une avoua qu'elle ignorait de quoi l'autre parlait et l'autre constata que son frère n'était peut-être pas aussi crétin qu'elle était venue à penser.

Décidément, elle passait vraiment une drôle de journée et cela n'allait pas aller en s'arrangeant. Décidée à découvrir la vérité, elle se montra franche et lui posa la question élémentaire pour elle. Oui, pourquoi Asaël n'avait jamais mentionné une petite amie officielle ? Bon, vu leurs relations froides, ce n'était pas étonnant avec elle, mais c'est parent. Réellement, Guéwen n'était pas dupe, elle savait que s'il s'agissait d'une Moroï, son frère n'allait pas s'en vanter, surtout pas à leurs parents, mais c'était un moyen de tester sa compagne. Du même moment, elle venait aussi de se présenter comme la sœur d'Asaël et Guéwen ignorait ce qui avait surpris le plus la jeune femme.

- N'est-ce pas si évident ? Je présume que ma tare génétique ne plairait pas à tes parents...

La tare génétique ?! C'était le genre de réponse floue qui n'aidait pas du tout Guéwen, mais qui prouvait qu'une chose clochait chez la jeune femme. Oui, elle pouvait très bien lui avouer son statut de Moroï, surtout que c'était la seule chose qui ne pourrait pas plaire à ses parents. Tiens, elle maudissait vraiment son frère de ne pas apprendre des erreurs des autres. La petite amie de son frère se leva pour éteindre la bouilloire, tandis que Guéwen se trouvait toujours debout.

- Petite amie est un bien grand mot pour notre relation, on vit simplement ensemble.

La signification d'un mot dépend souvent de la personne qui se trouve en face, il y a tellement d'interprétation, de différentes formes d'utilisation qu'il était facile de s'y perdre. Donc, entendre qu'il vivait simplement ensemble fit réagir Guéwen.

- Vous vivez ensemble et le suivez dans sa chambre d'hôtel, pour moi cela correspond au mot petite-amie.

Oui, qui pourrait supporter la vie de son frère hormis en éprouvant des sentiments forts pour l'autre. Ce n'était pas pour critiquer son frère, mais elle connaissait les mêmes aléas, les secrets de la vie d'alchimiste pouvaient être lourds à porter. Prenant la tasse d'eau chaude dans sa main, la phrase qui suivit fut comme un coup dans le cœur.

- Et votre frère est aussi du voyage ?

Cacher, ses sentiments étaient devenu un quotidien pour Guéwen, mais là, elle fut prise de cours. En même temps, l'alchimiste avait passé une longue journée de retour en arrière dans les souvenirs. Entre revoir son frère, rentrer dans une cellule, affronter Shawn, découvrir que son frère fréquentait surement une Moroï et là l'entendre mentionner son frère,Guéwen ne pouvait pas tenir davantage.

- Notre frère ?!

Ce n'était pas vraiment une question, mais surtout une façon de se remettre en condition et de réaliser que c'était bien ce mot-là qu'elle avait entendu. Posant sa tasse sur la table, pour les personnes observatrices, il était facile de voir une lueur triste dans son regard, en même temps, elle était la seule de sa famille à avoir vécu ce drame, cela laissait des marques.

- Si vous croyez en dieu, son dernier voyage a été de le rejoindre. Laissant un petit temps de pause, pour la laisser s'imprégner de l'information, elle reprit parole. As ne pa...

Ce fut à ce moment-là où Guéwen se montrait moins agressive envers la jeune femme que la porte s'ouvrit ce qui la fit s'arrêter de parler.

L'illusion c'est l'ignorance.!

Dire qu'en se levant le matin, il avait eu la naïveté de croire qu'il n'avait aucun intérêt de réveiller Fay avant de partir pour la réunion des Alchimistes car il serait certainement rentré avant son réveil. Vraiment naïf. Sans doute, une pensée insufflée par son mal de crâne. Qui heureusement avait disparu. Enfin un point positif de la journée. Au final, il en était arrivé à creuser d'avantage son retard en cherchant un petit quelque chose pour se faire pardonner auprès de son assistante. Au moins, la conversation avec une vieille connaissance avait rattrapé la désastreuse réunion au centre de rééducation. En même temps, fallait-il s'étonner que les choses tournent mal avec un endroit pareil comme lieu de réunion ?

Asaël préféra se concentrer sur les informations obtenues. La réunion avait été perturbante à bien des niveaux. Il n'avait même pas la satisfaction d'avoir obtenu l'indice qu'il était venu chercher à Marblehead. Le magicien chassa prestement cette pensée pour se concentrer sur les informations données par le descendant druidique. Ce château était assez intriguant. Dommage qu'il doive creuser du côté du centre pour en savoir plus. Est-ce qu'un des mauvais élèves pourrait lui en apprendre plus ? Il soupesa les aides potentielles jusqu'à arriver devant la chambre d'hôtel.

Sans prendre la peine de frapper à la porte, il entra. Concentrer sur ce qu'il avait préparé comme excuse, une main dans le dos pour cacher sa surprise, As ne remarqua pas la présence de la sœur. Comme toujours comme à chaque fois qu'il se lançait dans un grand discours, il ne prêtait pas ou très peu attention à ce qui l'entourait. Pour sa défense, la possibilité de la présence de Guéwen dans cette chambre en compagnie de Fay était tellement improbable qu'il était très facile de l'ignorer.

"Bonjour. Désolé du retard, j'ai croisé une vieille connaissance et on a un peu discuté. Je n'ai pas vu le temps passé... Tu sais ce que c'est." Enchaîna-t-il avec enthousiasme et sourire. "Bref, je ne reviens pas les mains vides, j'ai une excellente nouvelle." D'un mouvement de poignet élégant, il fit apparaître un bout de papier entre ces deux doigts de sa main libre. Intérieurement, l'Alchimiste remercia Meri qui lui avait donné de bonnes infos la veille. "J'ai ici une liste de lieux potentiels pour les spectacles." Continua-t-il avec autant d'intérêt que s'il parlait d'une carte au trésor. "Que je compte bien visiter avec toi."

Alors qu'il s'avançait pour tendre le papier à Fay, il s'interrompit brutalement dans son discours. Voilà, il venait enfin de réaliser quelle scène il venait d'interrompre. Asaël effaça bien vite la surprise qu'il éprouvait pour prendre un air pensif. "Gwen et Fay dans la même pièce. Hum. C'était donc ça la perturbation dans la Force que j'avais sentie pendant le trajet." Commenta-t-il en faisant un mouvement de la main, tel un maître jedi amateur.

Cette blague faite, il troqua sa mine songeuse pour retrouver son sourire en continuant d'avancer vers Fay. "Tiens, une maxi-dose de sucrerie pour te remonter le moral. Tu en as certainement besoin." Dit-il en sortant la barbe à papa qu'il avait caché dans son dos et le tendre vers son assistante. En disant la fin de la phrase, il lança un bref regard en direction de sa sœur qui pourrait se traduire par un 'qu'est-ce que tu fiches ici ?'

Où avait-il trouvé une barbe à papa ? Les magiciens ne révèlent jamais leurs secrets, voyons ! En tout cas, il pouvait se féliciter d'avoir apporté quelque chose pour s'excuser du retard. Normalement, en visant du côté du sucré, il avait de grandes chances de tomber juste, mais vu que ce cadeau tombait en pleine discussion avec l'inquisition en personne, un risque planait.

Maintenant qu'il y pensait, As s'en voulut de ne pas avoir envisagé la probabilité d'une visite de sa sœur. Même s'ils étaient restés en froid pendant cinq ans, ils avaient un point commun : celui de vouloir garder la situation sous contrôle.

L'illusion c'est l'ignorance !

Mes yeux s'écarquillèrent devant sa question, je ne savais même pas comment réagir. Être la petite-amie d'un magicien légèrement imbus de lui-même et ayant un goût prononcé pour le maquillage était loin d'être dans ma liste des choses à faire avant de mourir. Je ne l'avais jamais envisagé, d'être plus qu'une amie, c'était comme-ci on me demandait de l'imaginer avec ma grand-mère, ce n'est pas normal. Bien sûr, il était vraiment très agréable à regarder, mais c'était As, pas le voisin du dessus, c'était As. Et maintenant, je l'imaginais avec ma grand-mère, j'avais tout gagné... Tout ça me paraissait inimaginable, pourtant, elle n'avait pas tort sur un point. C'est vrai que je passais le plus clair de mon temps dans son appartement plutôt que dans le mien et oui, on dormait dans la même chambre d’hôtel. Elle gagnait sur ce point, mais cela ne voulait pas dire que j'étais sa petite-amie, si ? Non, on n'est pas intime sur le plan... Sur tous les plans ! On n'était pas lié de cette manière, non, nous étions que des amis et sans les avantages.

- On n'est pas arrivé depuis longtemps et c'est surtout que je n'étais pas prévu du voyage, on n'a pas eu le temps de réserver une autre chambre.

Ce n'était pas une excuse, c'était la vérité. As voulait partir seul, vivre le grand frison à sa manière, retrouver de l'inspiration. Je n'étais pas censé être là. En réalité, je ne lui avais pas laissé le choix, je m'étais imposé parce qu'il me faisait une petite dépression nerveuse. Maintenant, j'en venais même à me demander s'il ne m'avait pas menti. La coïncidence n'était pas étrange ? Sa sœur était aussi dans cette ville. C'est pourquoi je pris la décision de poser une question, après tout, c'était à mon tour d'en poser une. Depuis le début, on jouait un peu au jeu des questions réponses. Si son frère était aussi du voyage, c'est qu'il se passait vraiment quelques choses. Toutefois, la réponse que j'entendis était loin d'être celle à laquelle je m'attendais. Sa sœur, qui tenait sa tasse dans ses mains, répéta le mot que je venais d'utiliser. Elle était surprise et presque incrédule. Là, je savais que je venais de faire une boulette. Elle s'avança vers moi et déposa la tasse encore fumante sur la table et lâcha sa propre bombe.

- Si vous croyez en dieu, son dernier voyage a été de le rejoindre. Laissant un petit temps de pause, pour la laisser s'imprégner de l'information, elle reprit parole. As ne pa...

- Bonjour. Désolé du retard, j'ai croisé une vieille connaissance et on a un peu discuté. Je n'ai pas vu le temps passé... Tu sais ce que c'est. Bref, je ne reviens pas les mains vides, j'ai une excellente nouvelle. Il fit apparaître un papier entre ses doigts avant de reprendre.J'ai ici une liste de lieux potentiels pour les spectacles. Que je compte bien visiter avec toi.

J'étais prête à me mettre à pleurer. À craquer. Me mettre en boule sur le sol. Plus As parlait, plus mes yeux devenaient humides. Pourquoi avoir gardé un tel secret ? N'avait-il pas assez confiance en moi ? Et puis, pourquoi continuait-il encore son petit manège ? Il faisait des signes étranges avec ses mains. Était-ce le signe de me plaquer au sol ?

- Gwen et Fay dans la même pièce. Hum. C'était donc çà la perturbation dans la Force que j'avais sentie pendant le trajet.

Puis, il continua à avancer vers moi, comme-ci que tout allait bien. Tout ce que je voulais, c'était de courir loin d'ici, mais lui, il continuait d'avancer avec son sourire béas !

- Tiens, une maxi-dose de sucrerie pour te remonter le moral. Tu en as certainement besoin.

Il sortit de derrière son dos une barbe-à-papa. Non mais il était sérieux là ? Toutes ses illusions venaient de s'écrouler autour de moi et lui me proposait de la nourriture. Sérieusement ? Il croyait m’appâter comme un chien en manque d'amour ? Je le contournai, me cognant par la même occasion contre cette maudite table base. Même dans une telle situation, j'arrivais à me faire des bleus. Je me rapprochai de sa sœur et avant de me baisser pour prendre mon sac, je lui présentai mes excuses.

- Je suis contente de vous avoir rencontré et heu... Je suis sincèrement désolée... Vraiment.

Je lui souris brièvement et sortis de la chambre d’hôtel, mais avant que la porte ne soit totalement fermé, je la repoussais pour re-rentrer et prendre mon dû. Cette barbe-à-papa, elle était à moi.

L'illusion c'est l'ignorance !

Beaucoup disent qu'ils n'y avaient rien de pire que le secret, mais dans une vie d'alchimiste, le secret prédominait. Leur existence ne servait qu'à camoufler l'existence des vampires et depuis leur plus jeune âge, on leur enseignait à tous garder pour eux, jusqu'au moment de recevoir le tatouage de fleur de lys et que là, le choix ne leur appartienne plus. Tous alchimistes étaient dans l'incapacité de révéler des indices du monde surnaturel, mais comme tout, il devait bien y avoir des moyens de se dérober.Guéwen n'avait jamais cherché cette solution, elle avait rejoint les rebelles pour faire s'effondrer toutes ses lois sur le lien de fraternisation entre alchimiste et Vampire. Elle avait payé beaucoup pour avoir suivi ses idéaux, la mort de son frère et son reconditionnement.

Là, elle faisait face à la petite amie présumée de son autre frère, essayant de découvrir si elle faisait bien face à une moroï. Son teint blanc, tous ces nécessaires pour se protéger de soleil, nerevelait rien de bon, puis elle-même disait avoir une tare génétique que génêraient ses parents, qu'est-ce que cela pourrait être d'autres ? Pourtant, le doute persistait. Finalement, il fallut la mention de son défunt frère pour comprendre qu'As eu caché bien plus que nécessaire à la jeune femme. C'était à rien en comprendre. Quand elle allait lui demander si son frère ne l'avait jamais mentionné, il fallut que celui qu'elle cherchait à voir depuis le début pénètre dans la chambre sans même l'apercevoir.

- Bonjour. Désolé du retard, j'ai croisé une vieille connaissance et on a un peu discuté. Je n'ai pas vu le temps passé... Tu sais ce que c'est. Bref, je ne reviens pas les mains vides, j'ai une excellente nouvelle J'ai ici une liste de lieux potentiels pour les spectacles. Que je compte bien visiter avec toi.

Un papier apparut dans sa main, mais cela ne fit pas réagir Guéwen. Fermant les bras, elle observait son crétin de frère faire son entrée sans remarquer que sa petite-amie n'allait pas bien. Pour l'avouer, elle y avait peut-être été fort, mais la faute en revenait à son frère, c'est lui qui fréquentait une moroï et qui lui avait caché bien plus de détails qu'on demandait à un alchimiste. Le voir s'interrompre quand il l'aperçut enfin, lui firent lever les yeux au ciel.

- Gwen et Fay dans la même pièce. Hum. C'était donc çà la perturbation dans la Force que j'avais sentie pendant le trajet.

La première pensée de Guéwen fut qu'une bonne baffe lui remettrait la force dans un bon axe. Ils avaient tous les deux changés depuis la mort de leur frère et étaient devenus des opposés. Avant, Guéwen aurait pu passer des heures auprès de lui, là, il lui fallait à peinequelques secondes pour qu'il l'agace. Rien ne s'arrangea, on le voyant sortir une barbe-papa de derrière son dos. Non, mais il avait quel âge ? Quand on se disait que c'était lui le grand frère, c'était la preuve que les femmes devenaient mures plus rapidement.

- Tiens, une maxi-dose de sucrerie pour te remonter le moral. Tu en as certainement besoin.

Voyant la mine de sa promise, elle ne semblait pas plus ravie de le voir, quelque chose s'était brisé en elle. D'ailleurs, celle-ci le contourna pour s'approcher de Guéwen et avant de se baisser pour récupérer son sac, annonça :

- Je suis contente de vous avoir rencontré et heu... Je suis sincèrement désolée... Vraiment.

Ne répondant pas à son sourire, elle hocha simplement la tête pour lui faire saisir qu'elle comprenait. La jeune femme semblait prendre la fuite, mais avant ça, elle vint quand même récupérer la barbe-à-papa. D'accord, ils s'étaient bien trouvé tous les deux. Quand la porte se ferma, elle attendit quelques secondes avant de balancer à son frère d'un ton sévère.

- Une Moroï ! Non, mais tu te fous de moi !

Desserrant ses bras, elle pouffa un grand coup, est-ce qu'on avait envoyé son frère sur terre pour la torturer ? Finalement, elle ajouta avec mépris :

- Je te croyais magicien pas suicidaire.

L'illusion c'est l'ignorance.!

Asaël feintait de prendre cette visite surprise avec sa désinvolture habituelle. En réalité, il avait l’impression d’être un acrobate découvrant en plein milieu d’un saut audacieux qu’on n’avait pas mis de filet de sécurité. Une surprise très déplaisante tandis qu’il ne pouvait s’arrêter maintenant qu’il s’était lancé dans l’action. Ainsi, le moindre de ces gestes ou de ces paroles reflétaient des tentatives pour retrouver le contrôle de la situation. Dire qu’il avait hésité à rentrer immédiatement après la réunion, mais qu’il avait estimé avoir le temps ! Quel idiot ! Depuis combien de temps Guéwen était là ? Quelles paroles avaient été échangées ? Autant de question alors qu’il continuer de parler en ‘roue libre’. Ce n’était plus un équilibriste essayant de reprendre pied, mais plutôt quelqu’un chutant qui essayait de se rattraper aux branches. Ce qui l’empêchait de se concentrer sur l’essentiel : le comportement de Fay.

Trop concentrer à ne pas trahir son manque de contrôle de cette situation imprévue, il ne voyait pas les signes évidents que son assistante n’allait pas bien. Du moins, jusqu’à son manque de réaction face à la barbe-à-papa. Autant dire, quand il était trop tard. Au départ, la sucrerie était là pour se faire pardonner de son retard, mais, vu que sa charmante albinos venait de subir un interrogatoire made in Guéwen, la barbe-à-papa pourrait très bien servir de remontant. En temps normal, cela aurait marché. Au lieu de cela, son geste ressemblait à une goutte d’eau de trop. Voir Fay ignorer son cadeau en se cognant contre la table basse lui indiqua que l’heure était grave. Encore plus grave que ce qu’il avait redouté en faisant son entrée dans la chambre. L’alchimiste se demanda de nouveau ce qui avait pu se passer dans cette pièce durant son absence. D’ailleurs, il gratifia sa sœur d’un regard inquisiteur qui trahissait le message suivant : qu’est-ce que tu lui as fait ?

Avant qu’il ne puisse faire un geste ou dire un mot envers Fay pour essayer de réparer son erreur, son assistante avait quitté la pièce… Puis était revenu pour se saisir de la barbe-à-papa. Malgré lui, Asaël ne put réprimer un sourire devant ce geste, espérant y voir le signe que tout n’était pas perdu.

Ensuite, la porte claqua. Pendant un instant, le magicien parut soucieux, comme s’il redoutait que ce bruit signifie que son assistante ne franchirait plus jamais cette porte. Il fut tenté de suivre Fay et d’enfermer Guéwen à l’intérieur. Perspective très tentante mais peu réalisable. As ouvrit la bouche en se tournant vers Guéwen afin de lâcher une réplique qui aurait pour but de masquer cette inquiétude, cependant, sa sœur fut plus rapide que lui.

- Une Moroï ! Non, mais tu te fous de moi !

Asaël referma la bouche et afficha clairement son étonnement, mais, surtout, sa perplexité face à cette première déclaration. Il s’attendait à une remarque sur son attitude à la réunion et non à… Ça ! « Mais de quoi parles-tu ? » Laissa-t-il échappé, toujours perplexe. Guéwen semblait, quant à elle, décidé à continuer sur sa lancée puisqu’elle ajouta avec mépris :

- Je te croyais magicien pas suicidaire.

Venant enfin de comprendre où sa sœur voulait en venir, Asaël rigola doucement. « Et moi, je te croyais plus perspicace que cela. » Ce n’était pas tous les jours qu’on était témoin d’une erreur de la part de Guéwen Zhuang ! Il étouffa rapidement son rire naissant. Contrairement à ce que sa sœur pensait, il n’était pas suicidaire et savait qu’il avait tout intérêt à retrouver vite son sérieux en sa présence. « Tu sais ce qui est génial dans les chambres de cet hôtel ? Le minibar. Je te sers quelque chose ?» Déclara-t-il ensuite comme s’il avait soudainement décidé de changer de sujet. Le magicien se décida à bouger pour joindre le geste à la parole. « Dans d’autres circonstances, j’aurais été ravi d’employer des phrases ambigus pour garder le quiproquo intacte dans ton esprit, mais, contrairement à ce que tu sembles penser, je ne suis pas suicidaire. » Déclara-t-il ensuite en ouvrant la porte du minibar et se pencha élégamment pour en contempler l’intérieur. « Fay n’est pas une Moroï, elle est albinos. » Dit-il sur un ton détaché tout en hésitant sur plusieurs échantillons de bouteille. Il sembla s’être arrêté sur un choix et se redressa pour regarder Guèwen. Pas besoin de dire à voix haute la réflexion ‘alors, c’est qui le crétin maintenant ?’ La remarque était visible dans le sourire malicieux qu’il affichait. « Franchement, je savais avoir baissé dans ton estime depuis cinq ans, mais pas au point que tu puisses me croire fréquenter intimement des dents pointues. » Si la phrase avait été dite sur le ton de la conversation, le mépris était perceptible sur les derniers mots prononcés, accompagné d’une légère grimace et d’un geste vague de sa main libre, comme s’il parlait d’un plat peu ragoutant auquel il ne toucherait pour rien au monde.

Dans un claquement, il referma la porte du minibar et s’y accouda comme s’il s’agissait d’un tabouret, gardant ainsi une certaine distance avec sa sœur. « J’espère que tu ne l’as pas traumatisée pendant votre petite conversation à cause de ta méprise. Sais-tu à quel point il est difficile de trouver une bonne assistante de nos jours ? » Asaël tentait de garder son ton désinvolte, essayer de faire croire que la réponse a cette question n’était pas terriblement importante pour lui. Il n’osait boire une gorgée de sa bouteille, ne voulant pas en recracher le contenu à cause de la surprise que pourrait éventuellement lui provoquer la suite. Avec Guéwen, on était jamais trop prudent.

L'illusion c'est l'ignorance !

De la famille Zhuang, Guéwen avait toujours attiré les regards, simplement du fait qu'elle ne ressemblait pas au reste de sa famille. Tous plus habituer à voir un Asiatique adopter par une famille caucasienne que l'inverse et pourtant, la petite blondinette s'était épanouie auprès d'eux, ayant appris des valeurs qu'aucune autre culture aurait pu lui inculquer. Certes, tout comme son défunt frère, elle s'était retournée contre le centre, étant deux chasseurs, ils avaient fait beaucoup de missions ensemble et partageait beaucoup de secrets. Avec As' s'était une relation différente, ils l'avaient protégé, éloigné du groupe des rebelles, non qu'il fût faible, c'était simplement qu'il avait se coter rêveur qu'il avait souhaité le voir conserver. Puis pour tout avoué, c'était un nettoyeur, ils n'avaient pas fait face aux mêmes missions, tandis que lui effaçait toutes traces des vampires, Guéwen et Zacharie, eux avaient capturé des personnes qui avaient transgressé les lois, lois qui parurent très vite légèrement trop sévères. Voilà, pourquoi la plupart des rebelles appartenaient au rang des chasseurs, ils voyaient une différente facette des alchimistes et certainement pas la meilleure. En tout cas, à présent, il ne restait qu'As et elle, ils s'étaient éloignés plus que jamais, Guéwen ne voulant plus s'attacher, mais au fond, elle continuait à le protéger.

C'était surement pour cela qu'elle s'était emporté en pensant qu'il fréquentait une Moroï, pensant qu'il n'avait pas appris des erreurs de leur frère. Attendant que la jeune femme quitte la chambre, le ton du visage de Guéwen était sévère, à l'image même d'une mère qui sermonne son enfant, elle vint lui balancer ce qu'elle pensait de ses actions. Pour elle, il n'y avait aucun doute que son frère jouait avec sa vie.

« Et moi, je te croyais plus perspicace que cela. Tu sais ce qui est génial dans les chambres de cet hôtel ? Le minibar. Je te sers quelque chose ?»

Le fusillant du regard, elle lui aurait bien fait ravaler son rire. Qu'est-ce qui lui prenait encore ? Vraiment, elle avait du mal à cerner sa personnalité. Lui faisant comprendre d'un signe de la tête qu'elle ne voulait rien. Guéwen le suivit du regard tandis qu'il se dirigeait vers le minibar.

« Dans d’autres circonstances, j’aurais été ravi d’employer des phrases ambigus pour garder le quiproquo intacte dans ton esprit, mais, contrairement à ce que tu sembles penser, je ne suis pas suicidaire. Fay n’est pas une Moroï, elle est albinos. Franchement, je savais avoir baissé dans ton estime depuis cinq ans, mais pas au point que tu puisses me croire fréquenter intimement des dents pointues. »

Et là, c'était le choc, elle réalisait la situation dans laquelle elle s'était mise. La pauvre Fay, elle n'avait pas mérité sa froideur, mais au fond Guéwen n'avait cherché que la vérité. Enfin tout paraissait plus clair à présent, hormis le fait de tous les sujets non élucidés. Au moins, As' ne fréquentait pas un vampire, et vu sa gestuelle à l'évocation de cette idée, elle comprit qu'il n'irait jamais fricoter avec une moroï.

« J’espère que tu ne l’as pas traumatisée pendant votre petite conversation à cause de ta méprise. Sais-tu à quel point il est difficile de trouver une bonne assistante de nos jours ? »

Une simple assistante ?! C'était étrange, mais ces mots sonnaient faux, cette fille était forcément plus que son assistante, simplement, il ne devait simplement ne pas ouvrir les yeux. Il tenait sa bouteille à la main, sans en boire une gorgée, tandis que Guéwen ouvrit enfin la bouche.

- Si elle arrive à te supporter jours après jour, ce n'est pas ma visite qui irait la traumatiser. Prenant une légère pause. J'ai juste insinué que je, vous étiez en couple et découvert que tu lui avais caché bien des choses...elle aussi par la même occasion.

Fay avait dû croire connaitre à la perfection son frère et au final, ce n'était pas le cas. Guéwen comprenait qu'il lui était impossible de lui parler des secrets des alchimistes, mais pourquoi ne lui avoir rien dit à propos du décès de leur frère ? Finalement,Guéwen estima que le sujet était clos. Elle s'était trompée et puis voilà, ils n'allaient pas en faire un roman. Reprenant son ton spécial moral, elle ajouta :

- Pour en revenir au terme suicidaire, je pense que tu l'es vu comment tu as fait front face à Stark. Tu sais que si je ne m'étais pas interposée, tu serais passé en reconditionnement.

Oui, Guéwen avait été obligé de remettre son chef à la place, lui faisant comprendre qu'il agissait mal surtout s'il voulait s'imposer à la tête du centre de Marblehead. Guéwen était parti sans voir la réaction final de Shawn, puis quand elle l'avait recroisé, son frère ne se trouvait plus dans la cellule, par contre, elle avait dû lui prouver qu'elle n'avait plus peur de lui, utilisant tous les cartes qu'elle avait en main pour lui faire comprendre. Au final, Shawn avait fui, n'assumant surement pas les cicatrices qui lui avait provoqué. La chasseuse avait gagné cette partie, mais certainement pas la guerre.

- Enfin, j'ai réglé le sujet avec lui et tu as de la chance, j'ai gagné cette manche face, mais je ne pourrais pas toujours le faire, c'est un sacré adversaire, alors tiens toi à ta place maintenant.

L'illusion c'est l'ignorance.!

As était venu à Marblehead avec l'intention d'essayer de renouer des liens avec sa soeur adoptive et surtout essayer de voir s'il restait quelque chose de la Guéwen qu'il avait connu avant la tragique mort de leur frère. Pourtant, depuis son arrivée, il avait accumulé les bêtises. Être surpris de voir sa soeur prendre les devants en allant lui rendre visite directement après la réunion faisait partie de la liste. Le magicien s'en voulait de n'avoir pu songer à cette éventualité et de se retrouver dans cette situation avec Guéwen et Fay dans la même pièce ayant discuté de dieu-sait-quoi avant son arrivée. La réaction de Fay avant de partir avait de quoi l'inquiéter.

Il feinta d'en rire, même si le coeur n'y était pas, il était un bon comédien. Sans doute que sans les préoccupations que cette erreur soulevait, Asaël aurait trouvé réellement amusé le sermon reçu à cause de ce quiproquo. Au lieu de cela, non seulement, il se demandait quelles paroles avaient été échangés pendant son absence, mais en plus, il réalisa que si son objectif était toujours d'essayer de s'entendre mieux avec sa soeur, il était très mal parti. Voilà qu'elle le croyait capable de sortir avec une dent pointue alors que leur frère avait payé de sa vie une erreur similaire.

L'alchimiste s'était réfugié vers le minibar pour camoufler ce mélange d'angoisse naissant et d'orgueil piqué. Si, en plus, il pouvait agacer Guéwen avec son changement de sujet, c'était un bonus appréciable. Comme il s'y attendait, elle refusa sa proposition de lui servir quelque chose, alors, le magicien replongea dans son choix parmi les bouteilles tandis qu'il dissipait le malentendu concernant son assistante. As s'arracha à ses hésitations pour lancer un petit coup d'œil à la dérober en direction de sa soeur, histoire de voir (et potentiellement savouré) l'effet de cette révélation. Sur ce point, il ne fut pas déçu. Comme pour marquer la fin d'un premier acte imaginaire, le magicien choisit sa consommation.

Enfin, il vit l'occasion de glisser une allusion à ce qui le préoccupait vraiment en tournant cela avec dérision et en se plaignant de la difficulté de trouver une bonne assistante de nos jours. De nouveau, As camoufla son attente de la réponse en décapsulant la bouteille avant de refermer la porte du mini-bar pour pouvoir s'y adosser nonchalamment. Si la surprise qu'il crut voir chez Guéwen piquait encore d'avantage sa curiosité, les paroles qui suivirent le firent encore plus.

- Si elle arrive à te supporter jours après jour, ce n'est pas ma visite qui irait la traumatiser. J'ai juste insinué que vous étiez en couple et découvert que tu lui avais caché bien des choses...elle aussi par la même occasion.

Asaël rigola de nouveau. "C'est vrai que vu ainsi..." Commenta-t-il face au début de la réplique de Guéwen, comme si la suite des paroles n'avaient aucune importance. À moins que sa brève hilarité ne vienne des spéculations de Guéwen concernant un couple éventuel avec Fay. Difficile à dire. Tout pouvait faire l'affaire pour camoufler sa réaction face à la fin de la réponse de sa soeur. Il n'avait pu empêcher la main qui tenait la bouteille de se crisper un peu devant cette dernière déclaration et il soupçonnait sa soeur assez perspicace pour le remarquer. Découvert des choses... Vraiment, il rêvait d'en demander plus, mais il connaissait assez sa visiteuse surprise pour se douter qu'une question précipitée n'obtienne aucune réponse. Il allait devoir attendre qu'elle ait fini de vider son sac. Ce qui ne tarda pas.


- Pour en revenir au terme suicidaire, je pense que tu l'es vu comment tu as fait front face à Stark. Tu sais que si je ne m'étais pas interposée, tu serais passé en reconditionnement.

Enfin, on en venu au but de cette visite surprise. Asaël poussa un soupir, comme un gamin qui se faisait sermonner par sa mère alors qu'il estimait n'avoir rien fait de mal, puis, il finit par prendre une gorgée de sa bouteille. Histoire de retarder un très bref instant le temps de sa réponse. "Et tu es venu pour avoir mes remerciements ou mes excuses ?" Répliqua-t-il du tac au tac.

Il ne pouvait pas s'empêcher d'être désagréable. C'était plus fort que lui. As aurait préféré réfléchir aux conséquences de cette réunion désastreuse à tête reposée et, au lieu de cela, Guéwen débarquait, révélait des secrets à son assistante et le sermonnait en déclarant qu'il avait échappé de peu au reconditionnement. "J'ai juste voulu vérifier quelque chose." Se justifia-t-il avec un geste théâtral pour souligner qu'il estimait n'avoir rien fait de mal. "Voir si notre nouveau chef était suffisamment fou pour torturer tout les membres de la réunion dans son jeu de qui est le patron." Bien sûr, ce n'était pas ça qu'il avait cherché à savoir. Il avait voulu savoir si sa soeur aurait été capable de l'enchaîner aussi. Dans ce cas-là, il aurait eu la preuve que sa soeur n'existait plus, remplacé par un chien-chien docile. Il prit une nouvelle gorgée tandis qu'il se repassait mentalement la scène. "Et j'ai eu ma réponse." Oh que oui. Le hic était qu'il ne savait pas s'il devait s'en réjouir ou non. Quelque part, il avait eu ce qu'il avait espéré. Guéwen était intervenu pour le sauver. Il restait donc quelque chose de la soeur qu'il avait aimé dans cette tête blonde conditionner par le Centre. Alors pourquoi n'en était-il pas heureux ? De sa main libre, Asaël se massa la tempe tandis que Guéwen n'en avait pas fini avec ces remarques.

- Enfin, j'ai réglé le sujet avec lui et tu as de la chance, j'ai gagné cette manche face, mais je ne pourrais pas toujours le faire, c'est un sacré adversaire, alors tiens toi à ta place maintenant.

Le magicien arrêta son petit massage et leva la main tel un sportif déclarant forfait. "Très bien, je l'avoue, je me suis laissé emporté. Merci." Il s'interrompit comme s'il venait de se rappeler quelque chose. "Oh et aussi, pardon, de t'avoir fait rater ton test." Sur ces mots, Asaël prit une plus longue gorgée et déposa la bouteille à moitié entamé sur le minibar. "Je serais sage, ici, promis." Compléta-t-il en levant le bras dans une imitation du salut scout. Est-ce que prétendre essayer un spectacle de magie ici correspondait à 'sage' ? Détail. Maintenant qu'il avait les deux mains libres, l'alchimiste en profita pour frapper dans les mains. Sa manière à lui de signaler que le débat était clos et que, par conséquent, le sujet de la conversation allait changer. "Maintenant, j'aimerais savoir qu'elles sont ces fameuses choses que j'aurais cachées à Fay." Sur cette déclaration, il s'appuya d'avantage sur le mini-bar dans une attitude proche d'un accro aux potins en quête d'un nouveau ragot. Asaël était plus subtil que cela, en temps normal, lorsqu'il voulait obtenir une information, mais, il ne se voyait pas tourner autour du pot éternellement sur ce sujet.