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La face cachée du mystérieux patient
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MessageSujet: La face cachée du mystérieux patient La face cachée du mystérieux patient EmptyVen 22 Juil - 1:48


La face cachée du mystérieux patient

“Chacun de nous est une lune, avec une face cachée que personne ne voit.”- Mark Twain




Que pourrais-je dire ? Tant et si peu de choses à la fois ! Ce monde est étrange, trop pour que je me complaise à y vivre comme « eux » Je n'ai pas eu la chance de rencontrer d'autre Strigois pour le moment, faute de mieux, je ne peux me contenter que de vulgaires vampires, des rats et quelques animaux ayant eu l'impudence de m'approcher d'un peu trop prêt. Bien sûr l'homme étrange à qui je dois la discrétion en ce monde, me fournit de quoi me sustenter de temps à autre, à savoir quelques poches de sangs qu'il affirme avoir récupéré à l'hôpital. J'essaie de lui accorder une once de crédit et un peu de confiance, mais je mentirais en rétorquant que c'est aisé. Et pour le reste, qu'en est-il ? Faute de mieux, il faut se contenter de ce que l'on a, en l'occurrence le sous-sol d'un caveau familial laissé à l'abandon depuis des décennies. C'est cet alchimiste, Asaël il me semble, qui est à l'origine de cette étrange idée. Ne pouvant se résoudre à m'offrir l'hospitalité pour tes raisons que je serais incapable de retranscrire, je me suis vu offrir ce lieu. Une bien maigre consolation lorsque par le passé, je pouvais prétendre à des châteaux et autres vastes domaines. Mais au sortir de soixante-dix années de captivité dans un cercueil, je ne peux me résoudre à faire des caprices, ce caveau fera donc amplement l'affaire. Voyons donc les choses sous un prisme de positivité. Les lieux semblent plus ou moins retirés de la forte concentration urbaine, en d'autre terme, ici-bas, je peux prétendre à la quiétude, chose difficile à trouver dans une ville moderne, d'après les dires de l'alchimiste.

La modernité ! Parlons-en ! Je ne serais par où commencer. Les routes ne sont pas pavées, uniformes et droites, comme c'est étrange. Du béton d'après ce que j'ai pu comprendre. Les voitures sont si étranges. J'ai eu beau cherché, je n'ai trouvé aucun cheval. Alors par quel prodige ces véhicules sont-ils capables de se mouvoir ? Où sont donc les dix chevaux dont tout le monde parle ? Pas sous le capot de toute évidence. Je n'y ai vu qu'un entrelac de mécanisme en tous genre. Et ces choses que les humains déposent sur leur oreille pour entendre je ne sais quoi ? Ils passent beaucoup de temps sur ce téléphone, un temps précieux pour des êtres qui ne peuvent prétendre à l'immortalité. Je n'arrive pas à comprendre, j'ai pourtant essayé de toutes mes forces. Mais peut-être que la méthode est contestable, peut-être que je m'y prends mal et qu'il me faut l'accepter, laissant mon ego de côté. Tant d'hésitation m'habite, je n'en ai plus l'habitude, tout comme ce reflux constant d'émotions. J'en arriverai presque à me croire vivant. Une vitalité amplifiée par le souvenir de ce docteur, Eva Cortez que j'aimerais tant revoir… Le pourrais-je un jour ?!


Les mains tremblantes, le Strigoi se précipita vers le frigo que venait de lui installer Asael. Il se saisit d'une poche de sang qu'il éventra du bout de ses canines. Ô délivrance ! Délectation sans pareil lorsque les premières gouttes de sang perlent sur votre langue. Savourant la moindre gorgée de son précieux liquide, le vampire palliait à la sensation de manque qu'il l'avait assailli dix minutes auparavant. Dehors, le soleil vivait ses derniers instants et s'enterrait progressivement dans le vaste horizon. Sentant sa fatigue s'amoindrir progressivement, Oscar requinqué, se prépara à sortir. Lunettes sombres sur le bout du nez, il quitta sa cachette et regagna le cimetière. La chaleur estivale se ressentait encore malgré les presque 23 h. Oui Oscar, bien que retissant à l'idée de s'acoquiner avec la modernité, avait quelque peu cédé en acceptant la montre offerte par son protecteur. Un objet qu'il n'avait de cesse d'observer et dont il était fier de se servir. Il quitta donc le cimetière et avança sans trop savoir où sa marche le mènerait ce soir. À l'inverse des fois précédentes, personne ne le dévisageait et pour cause, vêtu comme eux, il se fondait dans la foule avec facilité. Portant une barbe de trois jours et les cheveux plus courts, il semblait bien différent de celui qu'il était en arrivant à l'hôpital. Tellement de choses avaient changé depuis, Oscar continuait malgré tout à « ramer » pour s'intégrer totalement. C'est pourquoi le soir, il sortait hors de sa tanière, voir le monde, observer les choses, s'enquérir de futilités et qui sait, peut-être pouvait-il espérer faire une rencontre intéressante ?

Prenant soin de regarder à droite, puis à gauche, le vampire traversa la rue pour rejoindre le trottoir d'en face. Le néon bleu du bar se reflétait dans les quelques flaques d'eau, que l'ancien lord prit le temps de contourner. Le vampire fit mine de remonter le col de sa veste et continua son chemin sans trop s'attarder, toute cette débauche humaine ne l'intéressait guère, quoique, il fut un temps, il aurait commis un véritable carnage. Chassant cette pensée de sa tête, il continua son chemin quand soudain des cris retinrent son attention. À en juger par l'intensité, il n'était pas loin des lieux du drame, alors sans réfléchir, il se précipita vers une petite ruelle étroite et sombre, l'endroit parfait pour commettre de sales besognes. Il aperçut une ombre emcapuchée, qui sans arme à la main, avançait inexorablement vers sa victime. « -Eva ? » lança le vampire en découvrant l'identité de la proie, aussitôt l'agresseur se retourna, laissant paraître ses belles canines saillantes « - Petite ordure ! » Le strigoi se précipita sur la petite frappe vampirique pour lui donner la leçon. La petite frappe plus jeune et impétueuse, saisit son aîné par le col et le balança contre le mur en pierre. Furieux, Oscar se redressa aussitôt et se précipita sur le jeune vampire qui fit savoir à son adversaire que c'était SA proie. Le strigoi sortit à son tour les crocs, ses pupilles dilataient ne laissaient entrevoir que les ténèbres inhérentes à cette race. « -Va-t'en ou je jure que tu ne seras plus de ce monde sous peu. Des comme toi, il en faut une dizaine pour m'atteindre. » dit-il en resserrant son étreinte autour de son cou. Le jeune vampire fit savoir qu'il avait compris la leçon, Oscar le relâcha « -Oses l'approcher et je puis t'assurer que c'est la dernière chose que tu feras. Ai-je été clair ? » Son interlocuteur à court de mots, acquiesça et s'enfuit aussitôt. Oscar attendit deux secondes, le temps de faire disparaître ses canines et se précipita dès lors vers Eva allongée à terre près de la poubelle. « -Eva ! Tout va bien ? » lui demanda-t-il visiblement inquiet. « -Vous a-t-il blessé ? »









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MessageSujet: Re: La face cachée du mystérieux patient La face cachée du mystérieux patient EmptyLun 25 Juil - 12:36


La face cachée du mystérieux patient




Enfin un jour de repos ! Après avoir enchainé quatre gardes de seize heures chacune et devoir recommencer le lendemain, Eva pouvait savourer les joies d’une grasse matinée bien méritée. Un sommeil réparateur qui dura d’ailleurs jusqu’en début d’après-midi. Ouvrant les yeux sans y être forcée par un réveil ou un bipper, la chirurgienne sourit, ravie d’avoir enfin rattrapé les heures de sommeil manquant. Elle regarda son téléphone sur lequel était arrivé un SMS de sa meilleure amie Kaili qui lui donnait RDV d’ici peu pour une virée shopping. Eva le savait, la journée s’achèverait par une tournée des bars, histoire de fêter leurs nouvelles emplettes, et sans doute faire quelques rencontres. De toute façon, il y avait toujours un truc à fêter, ou à déplorer, mais toutes les occasions étaient bonnes pour faire la fête après une grosse semaine. La mine réjouie et souriante à l’idée d’enfin profiter d’une journée pour décompresser avec sa meilleure amie, Eva sauta du lit, prit une bonne douche et choisit sa tenue pour l’après-midi, quelque chose d’à la fois pratique et joli qui la mettrait en valeur.  Elle sélectionna aussi une tenue pour le soir, au cas où elle ne trouverait pas son bonheur dans les boutiques du centre commercial. De toutes manières, le plus important était de passer la journée avec Kaili à rire et oublier le boulot.
La belle ostéopathe ne tarda pas à passer chercher son amie, et les deux jeunes femmes se livrèrent à l’une de leur passion commune : le shopping. C’était la dernière démarque des soldes, alors les jolies brunes en profitèrent pour taper dans les marques qu’elles n’osaient regarder en temps normal. Eva suscita la jalousie de Kaili en tombant la première sur une robe magnifique aux tons corail qui mettaient en valeur son teint. L’hawaïenne tenta de convaincre la chirurgienne qu’avoir son emploi du temps, elle n’aurait jamais le temps de la porter et qu’elle ferait mieux de la lui laisser, étant donné qu’elles faisaient la même taille et qu’il n’en restait qu’une.

-Bien essayé, poupée, lança Eva en sortant de la cabine d’essayage avec l’objet de sa convoitise sur le dos. Mais tu vois, cette merveille et moi sommes faites pour vivre ensemble une belle histoire d’amour. Mais si tu es sage, je l’autoriserai à me tromper avec toi. Mais… pas ce soir ! ajouta-t-elle avec un clin d’œil taquin.

L’après-midi s’achevant, et les filles ayant les bras chargés de sacs, elles décidèrent de rentrer pour se préparer à sortir pour la soirée. Kaili fit une halte chez Eva pour qu’elle dépose ses affaires, et elles décidèrent de se préparer chez l’ostéopathe, qui voulait lui faire gouter les nouvelles spécialités de ses origines qu’elle avait appris à préparer. La chirurgienne attrapa donc sa nouvelle robe qu’elle embarqua avec elle.  Après un petit diner sommaire composé donc spécialités hawaïennes faites maison, les filles s’habillèrent.

-Je te déteste vraiment, tu le sais ça ? lança Kaili en voyant Eva sortir de la salle de bain avec sa nouvelle robe.
-A moins que tu ne portes ta robe dorée à paillettes, c’est clair que c’est à moi qu’on offrira le plus de verres, répondit-elle avec un sourire triomphal pour faire enrager son amie.

Les deux brunes éclatèrent de rire, finirent de se maquiller et décollèrent. Après avoir passé la soirée à rire, boire, rire encore et boire encore, sans oublier des passages obligés de danse endiablées sur leurs morceaux préférés, les jeunes femmes décrétèrent que l’heure avancée avait sonné le moment de la retraite.

-Je te ramène ? demanda Kaili.
-T’es sérieuse ? Prends un taxi, tu vas tuer quelqu’un ! Je me fais pas de souci pour toi, à l’intérieur de ton tank tu traverserais un mur blindé, mais pense aux autres quand même. Je vais rentrer à pied, il fait bon. A demain chérie.

Les filles se séparèrent alors, Eva marchant tranquillement tandis que Kaili, un peu plus flemmarde, obtempéra et appela un taxi. Le Dr Cortez avançait d’un pas tranquille, savourant la douce brise sur son visage, fredonnant le dernier air qu’elle avait entendu avant de quitter l’établissement, quand soudain, sans qu’elle n’ait vu le coup venir, quelqu’un la bouscula violemment, l’envoyant carrément valser dans la ruelle mal éclairée perpendiculaire à la rue où elle avançait, lui arrachant un cri perçant. Du haut de ses escarpins de quinze centimètre, sa cheville droite s’était tordue dans la chute, et à présent douloureuse, elle l’empêcha de se relever aussi vite qu’elle l’aurait voulu.

-Fait chier, marmonna-t-elle en grimaçant.

Puis elle leva les yeux et aperçut un individu à l’entrée de la ruelle, encapuchonné.

-Eh, vous pourriez faire attention !

Le type se rapprocha, et il n’avait pas l’air amical. Là, Eva sentit qu’elle aurait peut-être mieux fait de la fermer.

- Euh… si c’est du fric que vous voulez, je n’ai pas plus de dix dollars sur moi…

Plus l’inconnu avançait, plus son visage lui semblait totalement dénué d’humanité. Son sourire carnassier lui fit froid dans le dos, et le cœur de la jeune femme commençait à s’emballer. Et là, l’inespéré se produit. Une voix, provenant de derrière le menaçant individu, appela ce dernier à détourner son attention de sa proie. Et cette voix, Eva la reconnut, il s’agissait de son mystérieux patient de la semaine précédente. D’ailleurs lui aussi l’avait reconnue.

-Oscar ? murmura-t-elle.

Mr Stoker, tel un chevalier en armure blanche, n’hésita pas à provoquer l’agresseur pour qu’il lâche l’affaire. Quand l’inconnu projeta Oscar contre un mur, Eva ne put retenir un cri. Etait-ce possible de propulser aussi facilement un type aussi baraqué qu’Oscar ? Ce dernier, visiblement en colère, n’eut aucun mal à flanquer une raclée à la minable petite racaille qui détala ensuite sans demander son reste. Complètement sous le choc de ce qui venait de se passer, bouche bée, Eva ne pensa même pas à se relever. Elle se redressa un peu lorsqu’Oscar arriva auprès d’elle, lui demandant si elle allait bien.

-Ca va je… Oscar vous êtes un vrai héros !

Il demanda si elle était blessée. Il était vraiment adorable, cet homme ! Etrange, mais adorable. Elle retourna ses mains, paumes vers le ciel.

-Je me suis égratignée en tombant, c’est rien. Et je crois que j’ai une entorse de la cheville droite.

Elle n’avait aucune envie de rester plus de trois semaines immobilisée à cause de ça, surtout qu’une entorse, ça faisait un mal de chien. Il fallait qu’elle remette sa cheville d’aplomb. Et Kaili qui était surement déjà au lit. Eva, toujours assise par terre, se pencha pour retirer sa chaussure droite.

-Vous pouvez appuyer là, s’il vous plait ?

Elle posa les mains d’Oscar sur la base de sa cheville.

-Tenez bien, d’accord ?

Puis elle se pencha d’avantage pour attraper son pied, et après avoir compté mentalement jusqu’à trois en retenant son souffle, elle le fit pivoter d’un coup, dans un craquement sourd, étouffant tant bien que mal un cri de douleur. Elle souffla bruyamment, retenant ses larmes. Au moins, l’articulation était remise. Elle dénoue le foulard en soie qu’elle avait autour du cou et entoura sa cheville avec dans un bandage improvisé.

-Ça fera l’affaire. Merci infiniment pour votre aide, Mr Stoker. Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans vous. Comment puis-je vous remercier ?


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MessageSujet: Re: La face cachée du mystérieux patient La face cachée du mystérieux patient EmptyLun 25 Juil - 22:28


La face cachée du mystérieux patient

“Chacun de nous est une lune, avec une face cachée que personne ne voit.”- Mark Twain




Les mains dans les poches et sans but précis, le vampire arpentait la rue. Il était déjà venu ici quelques nuits auparavant. L'ambiance n'était pas la même et pour cause le week-end semblait bien loin. « Alors c'est ainsi que les humains s'amusent ? » Son regard se posa sur la file d'attente qui tapissait le trottoir d'en face. Deux jeunes demoiselles, charmantes à n'en pas douter, mais visiblement en pénurie de tissus, croisèrent le regard de l'ancien lord qui les observa l'air suspicieux. « Et l'on s'habille comme une fille de joie ! Décidément, cette société semble tolérée beaucoup de choses, l'indécence de prime abord » Reput de ses quelques observations, Oscar reprit sa marche loin de se douter, que d'ici peu, il devrait à nouveau se résoudre à y mettre un terme. Pour l'heure, il se devait de traverser la route et pour se faire, il lui faudrait garder un œil averti sur les voitures. Suivant les indications d'Asael, le vampire pour s'éviter bien des ennuis, emprunta le passage piéton et se retrouva face au néon bleu du club. Peu tenté par la visite et fauché comme les blés, il passa son chemin et reprit sa petite promenade nocturne. Son regard azur se posa sur le clocher de la petite paroisse située en bout de rue, il s'apprêtait à traverser à nouveau le trottoir pour s'éviter quelques déconvenues quand soudain, avant d'entendre un cri, tout son corps fut assailli par un frisson. Ses poils se hérissèrent instantanément lui indiquant la présence d'un vampire à proximité. Par réflexe, il chassa du regard, la présence d'un hypothétique chasseur, mais dû se rendre à l'évidence, en 2016 la chasse aux vampires ne semblait plus d'actualité.

L'ancien Oscar aurait tourné les talons, ne se souciant guère de la perte d'une vie humaine, mais à présent condamné à ressentir à nouveaux des sentiments humains, le vampire ne put se résoudre à faire l'autruche. Alors s'en réfléchir à d'éventuelles conséquences, il avait rejoint la ruelle et découvrit avec stupeur l'identité de la victime. S'en suivit un début d'affrontement contre un autre vampire, une petite frappe, rien de bien méchant pour un strigoi approchant les deux siècles. Bien que violemment projeté contre le mur, le Britannique enclin à la colère expédia plus rapidement encore le problème avant de se précipiter sur la jeune chirurgienne qui à terre, semblait avoir du mal à se relever. « -Je suis content de voir que mon prénom vous ai resté en mémoire. » Lorsqu'il vit les quelques éraflures sur ses mains, il détourna aussitôt le regard pour s'éviter quelconque tentation sanguine. « -Je ne vais point vous redressez au risque de vous faire plus de mal que de bien. » Dépassé par son manque de connaissance médicale, le vampire ne savait que faire pour amoindrir le mal de la belle brune qui commença à faire glisser sa chaussure droite tout en demandant à son sauveur d'appuyer à un endroit précis. « -Où ça ? » lança Oscar intrigué, avant qu'Eva n'allie le geste à la parole en prenant les deux mains froides de son interlocuteur pour les apposer sur sa cheville. « -Qu'allez-vous faire ? Ne devriez-vous pas rester immobile et vous servir de votre… Téléphone pour contacter des personnes plus à même de vous aider ? Bien si c'est ce que vous voulez, je tiens bien ! » Il obtempéra donc, intrigué par ce que la jeune femme s'apprêtait à faire. Visiblement parée à ce genre d'éventualité le Dr Cortez ne s'encombra d'aucune formalité et après un petit temps prompt à la concentration, remit en place sa cheville. Un bruit odieux remonta aux oreilles du Britannique, un craquement sourd qui n'était pas sans lui rappeler les trop nombreuses fois où il avait brisé des os juste pour le plaisir de faire souffrir ses victimes.

« -C'était impressionnant quoique douloureux pour vous, j'imagine. Ne préférez-vous pas ceci ? » A son tour, il se défit du foulard qu'il avait autour du cou. « -Je n'ai pas froid, ce n'est qu'un accessoire, il vous sera bien plus utile ! » Sans attendre son consentement, il noua son foulard au-dessus de celui d'Eva, puis il se redressa tout en l'aidant à en faire de même. « - Vous n'avez pas à me remercier, c'est normal, on ne laisse pas une demoiselle ainsi. Je vais vous accompagner, avec moi à vos côtés, vous ne risquez plus rien. Le message a dû être passé. Appuyez-vous sur moi si vous le voulez bien ! » Il l'incita à le faire, constatant que la belle était aussi légère qu'une plume. « -Bien je vous écoute, indiquez-moi l'itinéraire ! »








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MessageSujet: Re: La face cachée du mystérieux patient La face cachée du mystérieux patient EmptyMer 27 Juil - 0:02


La face cachée du mystérieux patient





A aucun moment depuis que cette journée avait commencé, Eva ne se serait imaginé qu’elle s’achèverait ainsi. Par une agression puis un sauvetage in extremis par un patient, et pas n’importe lequel en plus ! Il était déconcertant de voir avec quelle facilité Oscar s’était débarrassé du malotru qui s’en était pris à la chirurgienne. Celle-ci, relevant la tête vers son sauveur, eut un petit rire nerveux de trois secondes en l’entendant se réjouir qu’elle se souvienne de son prénom. Il fallait dire qu’étant données les circonstances de son arrivée à l’hôpital de Salem, il était clair qu’elle ne risquait pas de l’oublier, il s’était avéré être un patient peu commun. Le Dr Cortez, sentait la douleur lancinante à sa cheville droite la rappeler à l’ordre, et elle se tarda pas, toujours assise par terre, à retirer sa chaussure droite et donner des directives à son sauveur pour qu’il l’aide à se défaire de son entorse. Comme à son habitude, l’ancien patient avait un discours quelque peu étrange, mais obtempéra finalement.

-Ce serait recommandé si je n’étais pas chirurgien, en effet, j’appellerais les secours, mais en l’occurrence, plus une entorse est remise tôt, et plus la rapidité de guérison est accrue. Je ne peux pas me permettre de rester immobilisée trois semaines.

Alors qu’elle sentait les mains froides d’Oscar placées sur sa cheville là où elle les avait positionnées –et d’ailleurs ce froid lui fit le plus grand bien, anesthésiant un peu la douleur de l’entorse qui commençait à chauffer et gonfler-Eva attrapa la base de son pied, tâchant de maintenir les os du tarse, et comptant mentalement jusqu’à trois après avoir retenu sa respiration, elle fit faire à son articulation un mouvement passif brusque et calculé, qui engendra un bruyant craquement et lui fit pousser un petit cri. Reprenant son souffle, elle regarda Mr Stoker qui déclara que la manipulation, bien qu’impressionnante, devait être douloureuse.

-Vous croyez ? marmonna-t-elle tout en nouant son foulard autour de sa cheville de manière à la maintenir à quatre-vingt-dix degré.

Eva fut surprise de voir à son tour son charmant interlocuteur se défaire de l’étoffe qu’il avait autour du cou pour à son tour lui faire un bandage. Elle le regarda, et lui sourit.

-Merci, c’est très gentil, répondit-elle tout en resserrant le nœud qu’il venait de faire.

Avant qu’il ne l’aide à se relever, elle retira son deuxième escarpin.  Inutile de se tordre les deux chevilles sans la même soirée. Elle rangea ses précieuses mais néanmoins dangereuses chaussures dans son sac et accepta l’aide d’Oscar pour se relever, à présent appuyée sur son pied valide. Voilà à présent qu’il proposait de la raccompagner.

-Vous êtes un vrai gentleman. C’est par ici, nous ne sommes pas très loin.

Appuyée sur lui à sa demande, elle sautilla en avant pour faire un pas, puis s’arrêta, d’une part parce que c’était assez difficile d’avancer ainsi, et d’autre part parce que ce qui venait de se passait lui semblait étrange.

-Il était pas bizarre, ce type ? Je veux dire… Vous avez vu son visage ? Je n’ai jamais vu ça… Et puis, avec quelle facilité il vous a jeté contre le mur… Je veux dire, par rapport à lui, vous êtes une montagne de muscles, comment a-t-il fait ? Et son regard, j’en ai encore froid dans le dos…

Eva regardait Oscar, comme s’il pouvait avoir les réponses à toutes ses questions. Elle-même trouva cela ridicule, il avait déjà été bien gentil de la sauver et de l’aider, elle n’allait pas non plus l’importuner avec ses interrogations.

-Pardonnez-moi, j’ai surement un peu trop bu ce soir. Je suis désolée que vous ayez eu à faire ça. Vous allez bien ? Votre dos n’a pas trop souffert ?

Il s’était pris une sacrée volée, lui aussi, et manger un mur de brique à cette vitesse n’était pas bon pour les vertèbres.

-Je connais une ostéopathe fabuleuse, si vous voulez je peux vous avoir un rendez-vous rapidement.

Même si Kaili était très demandée, pour Eva, elle faisait toujours un effort, et vu le service que venait de lui rendre Oscar, la chirurgienne pouvait bien faire ça. D’autant que quand sa meilleure amie apprendrait ce qui s’était passé, elle ne serait que d’autant plus partante pour soulager le pauvre dos de son sauveur.
Claudiquant sur son pied gauche, Eva manqua de perdre l’équilibre. Sans doute un cocktail (ou deux) de trop… Elle se rattrapa au cou d’Oscar.

-Oh pardon, je suis vraiment désolée… Quelle maladroite je fais.

Eva, tâchant de se redresser, appuya son pied droit par terre ce qui la fit grimacer de douleur en se pliant en deux. Sa main gauche toujours sur l’épaule de son ancien patient, elle souffla.

-On peut faire une petite pause ?

Bon OK, ils avaient avancé de quoi, trois mètres ? Mais une entorse fraichement remise, ça fait un mal de chien, surtout quand on s’appuie dessus par mégarde.


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MessageSujet: Re: La face cachée du mystérieux patient La face cachée du mystérieux patient EmptySam 30 Juil - 0:33


La face cachée du mystérieux patient

“Chacun de nous est une lune, avec une face cachée que personne ne voit.”- Mark Twain




Il fut un temps, disons-le un temps très éloigné, Oscar était un homme bien. A cette époque où il vivait sa vie sous couvert d'une insouciance somme toute normale pour le jeune homme qu'il était alors, il œuvrait par ci par là au sein de quelques associations à but non lucratif. Il n'était d'ailleurs pas rare de le voir accompagner sa mère, dans les bas-fonds de Londres pour distribuer de la nourriture aux quelques miséreux qui se terraient dans les mimes de charbon et gagnaient à peine de quoi sustenter leur famille. Il posait sur ces personnes un regard non pas emplit de pitié, mais de compassion, bien que leur situation diverge en tout point. Lui qui se fichait bien de l'argent aurait distribué toute sa fortune sans hésiter, laissant paraître sur le visage de sa mère un sourire mêlant émoi et fierté. Elle lui promettait un bel avenir et l'imaginait accomplir de grandes choses. Son fils était un homme bien, elle n'en doutait pas une seconde. Malheureusement, la fatalité mit un terme aux doux rêves de la mère de famille…

LONDRES
Quelques jours après la transformation.

Avide de tout, sauf de l'envie de vivre, le Lord n'eut même pas le temps d'être inconsolable. Sa famille avait été décimée devant lui, la femme de sa vie s'était suicidée. La scène tournait en boucle dans la tête d'Oscar donné mort par les rumeurs. Il ne sortait plus, ne parlait plus, ne vivait plus. Plus aucun sentiment ne l'habitait, hormis celui de la vengeance qui deviendra dès lors son moteur. Reclus dans les ténèbres de son vieux manoir, il ne pouvait se résoudre à sortir le jour, ne supportant plus sa lumière. Il attendait que le soleil défaille pour enfin pousser la porte du jardin et rejoindre le centre de la ville. La vie avait repris son cours, le pavé était toujours foulé par une horde de citoyens malhonnêtes, les rues étroites et sinistres continuaient à sentir la merde à plein nez. Le regard de Lord Stoker sur sa ville natale, avait bien changé. Plus aucune poésie, plus aucun adjectif mélioratif ne l'inspiraient. « Toutes des vermines, en bas comme en haut, c'est le même refrain que l'on entend. Il n'y a que la violence qui prédomine en ce monde. » Il accepta la mort et s'abandonna dans l'ivresse, la luxure, le péché. Son cœur et son âme devinrent aussi sombres que son regard. Le poison de la violence engendré par l'omniscience de sa vengeance acheva de faire de lui le démon que l'on nomma Lord Stoneheart et les pauvres qu'ils défendaient de son vivant, furent ses premières victimes.

Ces souvenirs sont insupportables lorsque vous ressentez à nouveau des sentiments humains. Et c'est un flot continu de tristesse, de peur, de colère, de dégoût, de détresse, de désespoir. Vous revoyez chacun de leur visage, leurs dernières paroles tel un refrain insupportable, vous accompagnez chaque jour, chaque nuit. Votre cœur se contracte, vos entrailles se tordent, vos pensées sont teintées de ce rouge qui jamais ne s'efface. Oscar était pris entre le souvenir du bon garçon, altruiste avant tout et l'image du vampire avide de luxure, de sang et de vengeance, n'hésitant pas à tuer toutes les personnes qu'il trouverait sur sa route. Mais à présent, qui était-il ? Telle était la question ! Peut-être espérait-il en marchant une fois encore dans les rues de la ville, trouvait une réponse et se défaire d'un poids. Rien de tout cela ne se produisit. Le Destin était joueur ce soir et cette rencontre impromptue le prouvait. L'espace de quelques secondes, l'ancien aristocrate anglais, crut revivre ses belles années d'altruisme. Omettons cependant le vol plané contre le mur et l'attaque d'un autre vampire. Passé ce combat somme tout inégal le vampire se précipita vers la demoiselle en détresse qui en plus d'avoir vécu la peur de sa vie, s'était foulé la cheville. Oscar l'observa remettre en place et avec sang-froid sa blessure, puis il l'aida du mieux qu'il puisse faire en lui permettant de se redresser pour ensuite se proposer de la raccompagner.

« -Je crois que c'est l'éducation britannique. On m'a toujours appris à me montrer ainsi avec les femmes et quand on est lord, être gentleman est une obligation. » Il se contenta de lui sourire ne se rendant pas compte qu'il avait parlé de son titre. Mais peut-être que dans le fond, il s'en fichait, peut-être ne voulait-il pas se cacher ce soir. Peut-être qu'il lui faisait assez confiance pour ne pas devoir se cacher derrière de nouveaux mensonges. Il lui tendit son bras pour qu'elle s'y appuie. Elle était tellement légère qu'il ne sentait aucune pression. Malgré tout la jeune chirurgienne semblait en difficulté et sautillait pour avancer tout en essayant de comprendre ce qui venait de lui arriver. Oscar fit la sourde oreille pour s'éviter quelques ennuis. Il était visiblement trop tôt pour parler vampires et autres créatures maléfiques. « -Bizarre, comment ça ? Ah son visage ! Non, je n'ai pas eu le loisir de l'apercevoir dans le détail. Il est vrai que cet homme n'est pas allé de main morte sur ma personne. Par chance, je peux prétendre avoir une très bonne constitution. » Mais il ne pouvait se résoudre à dissiper la peur qui étreignait le regard de la jolie brune « -Il ne vous a fait aucun mal, c'est le plus important. Et puis ne vous excusez pas, il n'y a aucun mal. Je n'ai fait que ce qu'un gentleman se doit de faire. Quant à mon dos, il va bien, voire très bien, ne vous en faites pas. Je vous remercie quand même pour cette ostéopathe fabuleuse, bien que je ne sache pas de quoi il s'agit. » Il lui offrit son plus beau sourire pour palier à son manque de connaissance flagrant. Les deux galériens reprirent donc leur route, Oscar gardait Eva à l'œil et se tenait prêt à la rattraper si elle venait à défaillir ce qui ne tarda pas à arriver. La jeune femme plus rapide, se rattrapa au cou de son sauveur qui croisa une fois de plus son regard.

« -La trop grande absorption d'alcool vous ferez-t-elle défaut docteur ? » lança-t-il sur un air taquin avant de l'aider à se redresser. Sans attendre, la demoiselle se reprit et posa son pied-droit au sol, laissant ainsi paraître une grimace qu'elle aurait préféré masquer pour ne susciter aucune pitié. Conscient de la difficulté, le vampire s'approcha et la souleva avec une aisance déconcertante. « -Aussi légère qu'une plume ! Je vais vous portez, tenez-vous à moi. N'allons pas aggraver cette entorse. C'est tout droit, c'est ça ? » La jeune femme acquiesça avant qu'Oscar ne reprenne la route jusqu'à ce qu'Eva lui indique du bout du doigt son domicile. « - Vous vous sentez mieux hormis l'entorse ? J'ai cru comprendre que vous aviez eu très peur. Faites attention la prochaine fois, il ne faut pas sortir seule la nuit dans des endroits aussi propices à des attaques de v… » Il se tue aussitôt, conscient qu'il en avait trop dit, puis il reposa la chirurgienne, délicatement. « -Je…. Je pense qu'il serait plus judicieux que je m'en aille. »

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MessageSujet: Re: La face cachée du mystérieux patient La face cachée du mystérieux patient EmptyJeu 4 Aoû - 23:25


La face cachée du mystérieux patient





Alors qu’elle se trouvait en plutôt mauvaise posture, ce patient qui l’avait quelque peu effrayée la semaine passée, s’était conduit en véritable héros. A présent, il lui apportait une aide précieuse pour pouvoir rentrer chez elle. Et finalement, peut-être même sans le vouloir, Oscar se dévoilait un peu. Eva sourit en haussant les sourcils.

-Ainsi, vous êtes anglais ? J’avais donc raison, la semaine dernière. Et Lord en plus ? Eh bien je dois dire que c’est la première fois que j’en rencontre un.

Elle remarqua d’ailleurs son changement de look évident depuis la semaine passée. Il était encore plus beau ainsi, vêtu comme il se devait.
Ils firent quelques pas, si l’on pouvait appeler ça comme ça dans le cas d’Eva, tandis qu’elle se remémorait la scène et l’étrange allure et comportement de son agresseur. Mr Stoker prétendit ne pas avoir fait attention au visage de ce type, mais pourtant, il avait eu tout le loisir de le voir de très près étant donné qu’ils s’étaient battus. La chirurgienne n’insista pas, ne voulant pas se montrer suspicieuse avec un homme à qui elle devait une fière chandelle.

-Ah… OK… se contenta-t-elle de répondre.

Elle s’étonna tout autant de savoir que le dos de son sauveur allait pour le mieux, ce qui était assez étrange au vu de cet atterrissage contre un mur de brique peu commode qu’il avait subi. Mais bon, plus rien ne l’étonnait concernant cet homme qui, effectivement, semblait doté d’une incroyable constitution. Après tout, il avait survécu à une noyade enfermé dans une boite jetée par le fond. Oscar continua à l’étonner en avouant ne pas savoir ce qu’était un ostéopathe. Eva eut un sourire attendri, se demandant s’il avait grandi dans une campagne anglaise si reculée, enfermé dans son château d’époque victorienne, si loin de la civilisation qu’il n’avait pas entendu parler de formulaire de sortie d’hôpital ou encore d’ostéopathe.

-Eh bien, un ostéopathe, c’est comme un kinésithérapeute mais en mieux. Il vous remet les os en place, pour vulgariser un peu le travail qu’ils font.

Expliquant cela, elle en avait oublié son entorse et s’était appuyée dessus après avoir perdu l’équilibre et s’être rattrapée à l’adorable patient. Celui-ci ironisa sur le fait qu’elle avait sans doute un peu trop bu. Elle sourit en acquiesçant.

-Je suis démasquée, répondit-elle avec un petit rire.

Sans qu’elle ne s’y attende, Oscar la souleva pour la porter. Un vrai gentleman, Eva n’en croyait pas ses yeux, il l’avait ainsi attrapée comme si elle n’était pas plus lourde qu’une feuille de papier.

-Waow, vous m’impressionnez, Mr Stoker. Merci, c’est vraiment très gentil.

Heureusement, ils n’étaient plus très loin du domicile de la chirurgienne. Le bel anglais s’enquit de la situation de celle qu’il avait sauvée. Celle-ci sourit.

-Eh bien, outre l’entorse, je me sens carrément idiote. Oui, des attaques de vauriens, vous pouvez le dire, dit-elle, amusée, ne se doutant pas un instant que le mot en « V » était « vampires ».

Le pire, c'était qu'elle le savait ! Combien de victimes d'agression leur ramenait-on aux urgences, certains qu'il fallait opérer sans attendre sans quoi leurs vies seraient compromises. Elle se sentait bien bête d'avoir voulu rentrer à pieds. Voilà qui l’incitait encore plus à déménager, ça et la présence de son ex à la mairie de la ville. Mais pour l’heure, elle ne pouvait se le permettre, les loyers étant bien plus avantageux à Marblehead qu’à Salem. D’autant qu’elle mettait tout en œuvre pour réunir tout l’argent qu’elle devait à Roderick pour lui rembourser le montant des frais de son internat de chirurgie qu’il lui avait financé. Impossible donc pour le moment de déménager. Elle se payait déjà le luxe de ne plus être en colocation, il fallait donc voir les priorités. Il était hors de question pour elle de rester ainsi toute sa vie en sachant qu’elle devait sa réussite à cet être qu’elle exécrait plus que quiconque. Le rembourser au centime près était donc pour Eva le moyen de le rayer une fois pour toutes de sa vie. Ensuite, elle ambitionnait de tenter sa chance dans un meilleur centre de traumatologie. Tout cela n’était que des projets pour le moment, bien entendu, et sa carrière n’en était qu’à ses débuts, elle devait encore et toujours faire ses preuves, se montrer meilleure à chaque fois, et surtout être meilleure que les autres. Car même si l’internat était terminé depuis deux ans, il y avait toujours une sorte de concurrence entre les chirurgiens. Comme dans tous les métiers d’ailleurs. Sa meilleure amie Kaili elle aussi devait assurer en tant qu’ostéopathe, et elle faisait partie des meilleures, c’était aussi pour cela qu’Eva avait proposé ses services pour Oscar, mais ce dernier semblait ne guère en avoir la nécessité.
On sauveur d’un soir la déposa délicatement devant l’ascenseur de son immeuble après qu’ils aient passé l’entrée.

-Merci pour tout, Mr Stoker, vous n’étiez pas obligé, c’est vraiment adorable de votre part.

Elle pressa le bouton sans attendre et tourna la tête vers lui.

-Peut-être voudriez-vous montrer prendre un verre ? Ou un café ? C’est le moins que je puisse faire. Allez, dites oui, s’il vous plait. Je me sentirais trop mal si je ne pouvais au moins faire ça.

L’ascenseur sonna son arrivée, et les portes s’ouvrir. Eva sautilla sur son pied valide à l’intérieur, une main accrochée à la petite rambarde qui faisait le tour de l’intérieur de la cabine, et de l’autre, elle attrapa celle de l’anglais pour l’inciter à l’accompagner, en lui souriant.

-Je pourrais très bien me faire attaquer dans le couloir, avouez que ce serait dommage que vous ayez pris tant de risques pour rien, lança-t-elle avec malice.

Elle se souvint néanmoins de ses réticences, la semaine passée, à entrer dans l’ascenseur de l’hôpital, ce qui était bien normal après ce qu’il avait vécu. Qui n’aurait pas été un tantinet claustrophobe après une telle mésaventure ? Néanmoins, la chirurgienne espérait que son ancien patient cède à sa requête. Pour l’heure, elle se contentait de tirer un peu sur sa main pour le faire venir vers elle avant que les portes métalliques ne se referment.

-S’il vous plait, ajouta-t-elle avec un regard presque suppliant qui s’apparentait à celui du Chat Potté.

Comment résister à un tel minois ?



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MessageSujet: Re: La face cachée du mystérieux patient La face cachée du mystérieux patient EmptyVen 19 Aoû - 0:49


La face cachée du mystérieux patient

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Le corps humain est conçu pour compenser une perte. Il a cette particularité de pouvoir s'adapter afin de combler un manque. Mais parfois la perte est si grande que le corps ne peut compenser lui-même. Les hommes de science disaient de mon temps que l'incapacité à accepter une perte était une forme de démence. Peut-être qu'ils avaient raison, mais aussi dingue que cela puisse être, aujourd'hui, c'est ce qui me permet de rester « en vie ». Le manque, la perte, la non-compensation de cette perte par les années volées… Suis-je en train de redevenir humain ? Je me pose sûrement trop de questions. Peut-être devrais-je cesser mes réflexions introspectives pour une fois ! Foutue sorcière ! Foutue âme damnée !


Plus gentleman que jamais notre strigori permit à la jeune chirurgienne de s'agripper à lui pour « essayer » de rendre l'avancée moins périlleuse. « -Oui, je suis né à Londres ! Ne vous l'ai-je pas dit lors de notre précédente rencontre ?! Pour ce qui est du titre, c'était jadis, je doute de l'être toujours, mais par coquetterie, c'est toujours sympathique de le mentionner. Il paraît que ça a son petit effet sur la jante féminine. » dit-il en esquissant un léger sourire tout en lui offrant son bras pour qu'elle s'y appuie espérant que cela suffise à pallier la difficulté. À cela s'ajouta une curiosité décidément maladive contre laquelle Oscar avait de toute évidence du mal à lutter. Par chance, on se permettant une petite entrée à l'intérieur de la tête d'Eva, le vampire comprit que la jeune demoiselle reconnaissante, se contenterait des explications données par le héros d'un soir qui souffla intérieurement et continua à aider sa protégée à se mouvoir tout en continuant à alimenter la conversation.

« -Vous semblez surprise que je ne sache pas ce qu'est un o… Ostéopathe ? L'ai-je bien prononcé ? En tout cas, vous n'aurez appris une chose ce soir. Et si à l'avenir, mes os me font souffrir, je saurai qui contacter ! » À peine eut-il le temps d'entamer le prochain pas, qu'il sentit son interlocutrice perdre l'équilibre et la préserva d'une chute à venir, ne se privant pas de lui faire « gentiment » savoir qu'elle avait absorbé un verre de trop. « -Ne dit-on pas faute avouée à moitié pardonnée ? Je ne maitrise pas encore les expressions, il faut me pardonner mes quelques lacunes. Je pense que je vais œuvrer différemment. Vous permettez ? » À vrai dire, il ne lui laissa pas tellement le choix et se pencha pour la soulever tout en continuant à faire preuve de délicatesse. « -Je vous l'aie dit, vous n'avez pas à me remercier. Je ne serais point un gentleman si je, vous laissez claudiquer jusqu'à chez vous. N'aggravons pas votre entorse, au risque de vous immobiliser, chose que vous ne pourriez tolérer n'est-ce pas ? Tout droit ? » A la dernière question, elle émit un hochement de tête qui laissait entendre qu'il était dans le vrai. Alors, sans attendre le strigori reprit la route, tenant toujours entre ses bras, la jeune chirurgienne.

Il pouvait dès à présent sortir les battements de son cœur contre son torse, une sensation bien étrange, puisque d'ordinaire les instincts de tueur se manifestent ne laissant pas la moindre chance à la victime. Surpris de sa propre réaction, Oscar légèrement gêné, regarda ailleurs. Ainsi, ils parcoururent les derniers mètres. Tamara fit signe à son sauveur qui la déposa aussitôt devant l'ascenseur de son immeuble. « -Appelez-moi Oscar, je trouve le « monsieur » un peu trop protocolaire. » Le sourire aux lèvres, du genre mutin, la demoiselle pressa le bouton afin de rappeler l'ascenseur. Oscar, mains dans les poches, s'apprêtait de ce fait à mettre un terme à l'échange, une perspective qui de toute évidence, ne convenait pas à Eva qui osa franchir le premier pas en lui proposant le fameux verre, prompt à briser la glace et faire plus ample connaissance. Une pratique répondue, mais bien évidemment inconnue aux yeux de notre ancien Lord. « -Je ne sais pas si c'est une bonne idée et… » À peine eut-il prononcé ces mots que la jolie demoiselle se lança dans une démonstration pour convaincre son interlocuteur d'accepter. Dès lors, l'hésitation s'instaura dans la tête du vampire. L'ascenseur arriva à bon port en émettant un petit bip avant que les portes métalliques ne s'ouvrent. Eva sautilla jusqu'à atteindre l'intérieur de la cabine toujours sous le regard de son sauveur incapable de prendre une décision. L'hésitation se fit plus conséquente lorsqu'il fit les portes de l'ascenseur s'ouvrirent. Au moment où il s'apprêtait à tourner les talons, la main d'Eva agrippa la sienne, tout sourire, elle retenta sa chance une seconde fois.

« -Vous savez qu'il y a théoriquement très peu de chance pour que vous vous fassiez attaquer dans cet ascenseur. » déclara-t-il sans comprendre la subtilité. Sa main restait malgré tout fermement ancrée à la sienne. La dernière supplique de la jolie brune acheva malgré tout de convaincre Oscar qui fit face une fois encore à sa claustrophobie naissante et accepta de suivre Eva à l'intérieur de l'ascenseur. « -J'imagine qu'il serait impoli de ma part de refuser une invitation offerte avec autant d'insistance. » Les portes se refermèrent faisait frémir notre vampire, qui essaya de garder son calme, serrant un peu plus la main d'Eva contre la sienne. Par chance, le périple fut rapide et très rapidement nos deux protagonistes quittèrent la prison de fer. Eva lâcha la main du bel Anglais, à regret certainement puis récupéra ses clés pour les glisser dans la serrure tandis qu'Oscar attendait patiemment qu'elle l'invite à entrer, chose qu'elle n'avait visiblement pas comprit. « -Je ne peux me résoudre à entrer chez vous, si vous ne m'invitez pas ! » lança-t-il l'air désolé. Passé les formalités, il put enfin se permettre d'entrer dans ce qui semblait être un charmant appartement qu'il prit le temps de découvrir. « -Votre habitation me semble décorée avec goût, bien plus que la mienne de toute évidence. Je crois que je n'ai pas encore saisi toutes les subtilités de cette époque. »

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MessageSujet: Re: La face cachée du mystérieux patient La face cachée du mystérieux patient EmptyMar 23 Aoû - 1:54


La face cachée du mystérieux patient





En cours de route, l’ancien patient d’Eva se livra enfin un peu sur lui-même. Il conforta la chirurgienne dans ses spéculations, il était bien anglais, né à Londres, et Lord qui plus est. Tout cela sonnait bien exotique.

-Eh bien je ne sais l’effet que cela a pu produire auprès des autres membres de la gente féminine, pour ma part c’est bien la première fois que je fais la connaissance d’un Lord anglais.

Cet homme était un véritable mystère ambulant, à la fois adorable, fort poli, mais également étrange, comme s’il était tout droit débarqué d’une autre époque ou d’une autre planète. Même l’ostéopathie semblait être une spécialité, pourtant répandue, dont il ignorait l’existence. Les yeux écarquillés en apprenant cela, la jolie brune hocha la tête, bouche bée, lorsqu’il demanda s’il l’avait bien prononcé.
Le bel anglais finit par porter celle qu’il avait sauvée pour le restant du trajet, ce qui leur fit gagner un temps certain, et il lui demanda, au passage de l’appeler Oscar, .

-A la condition que vos m’appeliez aussi par mon prénom.

Chose qu’il avait déjà faite à l’hôpital la semaine passée, et aussi ce soir. Elle venait seulement de s’en rappeler. Saloperies de cocktails. Ils furent donc rapidement rendus dans le hall d’entrée de l’immeuble qu’habitait le Dr Cortez, et cette dernière tenait à remercier son sauveur, ne serait-ce qu’en lui offrant un café ou un verre. Cela lui semblait être la moindre des choses, après tout ce qu’il avait fait pour elle. Alors que l’ascenseur arriva et qu’il essayait de décliner son invitation avec ce qu’elle prit pour de l’humour, elle décida de lui attraper la main pour le faire entrer dans la cage de fer. Elle était consciente que s’il n’avait réellement pas voulu y entrer, il aurait très facilement pu se défaire de l’étreinte, étant donné son gabarit. Les portes se refermèrent et l’ascenseur les emmena jusqu’à l’étage demandé. La belle brune sautilla pour gagner le couloir, puis la porte d’entrée de son appartement qu’elle ne tarda pas à déverrouiller avant d’entrer. Elle se retourna, voyant, et entendant, qu’Oscar attendait d’être invité à entrer, ce qui la fit sourire.

-Vous alors, vous poussez la politesse jusqu’à son paroxysme. Mr Stoker, si vous voulez bien vous donner la peine d’entrer, lança-t-elle avec un sourire amusé et sur un ton presque théâtral.

Elle lâcha ses escarpins dans un coin et sautilla jusqu’à un placard dont elle sortit un bandage, une atèle et une crème anti-inflammatoire. Elle s’installa ensuite dans le canapé, retira les deux foulards qui lui servaient d’atèle de fortune, et se livra à un bandage un peu plus élaboré après avoir passé une couche de pommade.

-Voilà qui est mieux.

Elle leva le nez vers son invité qui semblait apprécier la déco… qui pourtant était d’une évidente simplicité. Non pas qu’Eva n’aimait pas la décoration d’intérieur, mais à vrai dire ce n’était pas vraiment sa priorité. Il y avait un cadre avec des photos d’elle et ses parents, et de sa meilleure amie Kaïli ainsi que d’Asaël à l’époque joyeuse de leur colocation. La jeune femme fut surprise par les propos d’Oscar, notamment concernant les « subtilités de cette époque ». Elle fronça légèrement les sourcils avec un sourire qui trahissait son incompréhension.

-Euh… ben j’imagine que ça dépend des gouts et du temps que l’on a à accorder à la décoration.

Elle lui sourit à nouveau, se relevant, et lui tendit son foulard.

-Merci encore, je vous le rends.

Puis elle claudiqua jusqu’à sa cuisine américaine, éprouvant beaucoup moins de difficultés à présent grâce à sin atèle.

-Alors, qu’est-ce que je vous sers ? Un café ? Un verre ? J’ai un peu de tout, faites votre choix.

Eva s’accouda au comptoir et plongea son regard dans celui d’Oscar. Elle n’avait pu oublier cette capacité étrange qu’il avait à lire sans les pensées. C’était assez horrible de se dire que même ce qu’il y avait dans sa tête ne pouvait pas rester intime et personnel, et que quelqu’un, et qui sait peut-être d’autres encore, pouvait y avoir accès.

-Un détail me taraude, Oscar. La semaine dernière, vous sembliez être capable de… lire, oui c’est ça, de lire dans les pensées. Plusieurs fois vous m’avez dit avec exactitude ce que je pensais intérieurement. Je voulais savoir… Comment faites-vous ? Et surtout… est-ce que vous pouvez éviter de le faire sur moi, c’est vraiment très dérangeant. Non pas que j’ai quelque chose à cacher, hein, loin de là…

Elle avait clairement l’impression de s’enfoncer, mais maintenant c’était trop tard.

-Enfin, vous comprenez, n’est-ce pas ?

Sans attendre, elle sortit un mug du placard, dans le but de se faire une tisane, et attendit la réponse de l’anglais pour sortir le récipient adéquat à la boisson choisies.



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MessageSujet: Re: La face cachée du mystérieux patient La face cachée du mystérieux patient EmptyMer 21 Sep - 0:27


La face cachée du mystérieux patient

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L'épreuve de l'ascenseur fut de moindre difficulté grâce à la présence d'Eva à qui Oscar offrit un léger sourire lorsque les deux imposantes portes métalliques s'ouvrirent face à un couloir. Une fois libéré de la cabine, le vampire retrouva la terre ferme avec plaisir, suivant de près la jeune médecin qui sautilla jusqu'à sa porte. Oscar, les mains dans les poches, observait les lieux légèrement intrigué par l'esthétique. Si le choix des couleurs pouvait semblait douteux, la présence de la moquette attira davantage le regard du strigoi qui n'avait jamais vu pareil agencement. « -Etrange » murmura-t-il dans un souffle tandis qu'Eva poussait la porte de son chez-elle. Ne pouvant entrer dans un lieu sans y avoir été invité le vampire dû renoncé à suivre l'humaine lui faisant ainsi savoir, par principe qu'il ne pouvait pénétrer un lieu sans y avoir été convié au préalable. « -Si vous voulez que je consente à vous appelez Eva, il vous faudra m'appeler Oscar très chère » Elle s'écarta pour le laisser entrer, il s'autorisa donc deux pas en avant et prit soin de tout observer curieux de découvrir encore un nouvel univers. « - Voyez-vous, j'ai été élevé dans une famille disons le très à cheval sur la bienséance et les nombreux codes qui entravent… entravaient la classe bourgeoise. » Il la regarda s'éloigner après avoir retiré ses escarpins. Lorsqu'elle eut disparu derrière le placard, il avança vers un meuble sur lequel était disposé plusieurs photographies qu'il prit le temps de contempler une à une avant de se redresser pour poser à nouveau son regard sur la belle demoiselle qui venait de prendre place sur le canapé avec tout le matériel adéquat pour soigner sa cheville tout en écoutant son interlocuteur complimenter la décoration.

« -Oui vous avez sûrement raison je suppose » dit-il en reposant un cadre à sa place. La jeune femme lui sourit lui rappelant encore une fois le souvenir passé de celle qu'il avait tant aimé. Un souvenir aussi agréable que douloureux pour le vampire qui se remémorait ainsi à la période la plus sombre de son existence. Puis il récupéra le foulard qu'il lui avait prêté, évitant le moindre contact. Il se devait de garder la tête froide et ne plus songer à sa bien-aimée. Il se devait notamment de conserver une certaine distance avec la demoiselle qui n'en restait pas moins une potentielle proie aux yeux du prédateur qu'Oscar demeurait malgré les années de non-pratique. « -Merci ! » dit-il en rangeant le bout de tissu dans la poche gauche de sa veste. La demoiselle, pourvue de son atèle, se mouvait avec moins de difficultés, de ce fait, elle en profita pour rejoindre la cuisine afin de servir quelque chose à son invité-sauveur. Intrigué, le vampire la suivit tâchant de répondre au mieux à son interrogation. « - Je n'ai pas soif tout compte fait. » Il savait pertinemment qu'il ne supporterait pas le goût hormis celui d'un alcool très fort et au vu de l'ébriété de la jeune femme, demander de l'alcool serait une bien mauvaise idée.

« -Qui a-t-il ? Vous m'observez l'air intrigué. Ai-je dit ou fais quelque chose de mal ? » A son tour, il prit place face à la belle brune, écoutant avec attention ce qui la taraudait tant. « -Si je vous ai mis mal à l'aise d'une quelconque manière je tiens à m'en excuser. À mon tour puis-je vous poser une question Eva ? ». Il enfonça son regard azur dans le sien essayant d'y déceler la moindre approbation. Eva se tourna, attrapa un mug pour se préparer une infusion, certainement une diversion pour échapper au regard perçant de son invité. « - Croyez-vous à l'impossible Eva ? La femme de science que vous êtes peut-elle se résoudre à avoir l'esprit ouvert ou n'est-elle qu'une cartésienne, une de plus ? Si je vous dis que oui, je suis pourvu d'une faculté qui me permet de lire votre esprit avec autant d'aisance qu'un livre ouvert, seriez-vous prête à y croire ? Si je vous affirme que je ne suis atteint d'aucune démence, consentiriez-vous une fois encore à me croire ? Seriez-vous apte à entrevoir de telles alternatives si elles vous étaient présentées ? »

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MessageSujet: Re: La face cachée du mystérieux patient La face cachée du mystérieux patient EmptySam 15 Oct - 23:15


La face cachée du mystérieux patient





Les deux protagonistes aient chacun consenti à s’appeler réciproquement par leurs prénoms, ce qui donnait à présent une touche moins solennelle à leur conversation. Oscar se livrait par bribes sur son éducation et Eva étaient de plus en plus fascinée par cet homme pour le moins différent de tous ceux qu’elle avait connus jusque-là. Apparemment, même de nos jours en Angleterre, les codes de la noblesse étaient respectés et Mr Stoker, en plus de dégager une classe naturelle certaine, faisait montre d’une politesse et d’une galanterie à toutes épreuves.

Eva était allée dans sa cuisine américaine, qui s’ouvrait sur le salon par un comptoir, et s’était préparé une tisane. Elle avait proposé quelque chose à boire à son invité, mais celui-ci avait décliné l’offre. Surprise, la belle brune pencha la tête sur le côté en le regardant avec insistance.

-Vous êtes sûr ? C’est encore l’un de vos codes anglais ? Vous avez le droit d’accepter si je vous le propose, non ? insista-t-elle avec un sourire un peu amusé.

Et puis, elle n’y tenait. La curiosité de la chirurgienne était trop forte pour qu’elle consente à la faire taire. Alors, au risque de mettre les pieds dans le plat, elle s’était lancée et avait posé la question qui lui brûlait les lèvres concernant cette étonnante capacité qu’avait Oscar à lire dans les pensées. Etonnante et dérangeante, voilà comment Eva qualifiait cette aptitude tout à fait inhabituelle. Egal à lui-même, le mystérieux lord répondit à la question par une autre question. Sa tasse d’infusion en main, la jeune femme écarquilla légèrement les yeux, se demandant où il voulait en venir.

-Si je crois à l’impossible ? Ecoutez, je vois des miracles tous les jours dans le cadre de mon travail, alors je suis tentée de vous répondre que oui.

Elle but une gorgée de tisane avant de reposer son mug sur le comptoir.

-Je n’ai aucun doute sur votre capacité à lire dans les pensées, même si avant de vous connaitre, j’aurais nié avec ferveur l’existence d’un tel. Comment ça marche, au juste ? demanda-t-elle, pleine de curiosité.

Eva afficha un sourire amusé à la remarque de son interlocuteur.

-Je ne crois pas que vous soyez dément, Oscar. Peut-être un peu original, mais certainement pas dément.

Son sourire se fit plus tendre, plus amical cette fois.

-Je pense que vous avez vécu des choses difficiles, et que ça vous travaille, mais à aucun moment je ne vous ai pensé dément, vous pouvez me croire… Sans lire dans mes pensées !

Après tout, manquer d’être noyer en étant enfermé dans une boite et jeté à la mer, ce n’était pas anodin et n’importe qui serait chamboulé. Eva avait du mal à concevoir qu’on puisse infliger ça à une personne. Qui pouvait être assez malfaisant pour oser ne serait-ce qu’y penser ? L’être humain était vraiment capable du meilleur comme du pire, et à l’hôpital de Salem, la chirurgienne était souvent témoin des conséquences du pire, hélas.

-Qu’essayez-vous de me dire, Oscar ? demanda-t-elle avec douceur.

Il parlait par questions et Eva essayait de découvrir le fin  mot de l’histoire. Elle était surtout curieuse de connaître les origines de ce don incroyable qu’il avait, espérant aussi qu’il ne continue pas à l’utiliser. Etait-ce seulement possible de le contrôler ? Pouvait-il choisir de ne pas lire dans les pensées de quelqu’un ? Et puis est-ce que ça fonctionnait chez tout le monde ? Ou bien y avait-il des personnes dont il n’arrivait pas à entendre les murmures intérieurs ? Oui, tout ceci avait réellement piqué sa curiosité, et la jeune femme espérait qu’il lui expliquerait un peu d’où cela lui venait, s’il avait ce don depuis l’enfance ou si ça s’était développé plus tard.



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MessageSujet: Re: La face cachée du mystérieux patient La face cachée du mystérieux patient EmptyMar 18 Oct - 19:47


La face cachée du mystérieux patient

“Chacun de nous est une lune, avec une face cachée que personne ne voit.”- Mark Twain




Ce monde qu'il ne connaissait pas, ce siècle qui lui échappait, cette ère nouvelle, étaient autant de facteurs qui rendaient l'intégration pénible pour le strigoi qui malgré son très grand âge, redécouvrait le monde comme s'il venait de voir le jour. Il devait tout réapprendre pour se fonde dans la masse et éviter d'attirer les regards. Cela avait commencé par le basique du basique, les vêtements. De toute évidence, le style des années 30 était passé de mode depuis des décennies. À l'époque, enclin à l'austérité, on optait pour des couleurs sombres à tel point qu'un brin d'extravagance était considéré comme du « mauvais goût ». Ainsi, le gris, le marron voire le bleu clair étaient préférables. Les vestes se présentaient avec des boutonnières croisées et des épaules quelque peu larges faites de laine ou de flanelle. Les initiés à la mode appelaient cette coupe « drape cut » Par-dessus, l'on ajoutait généralement un manteau long. Et voilà que la nostalgie vous assaille à nouveau, la voix de Billie Holliday résonne encore au loin, le jazz régnait en maître incontesté à l'époque, la prohibition américaine également. Les hommes portaient des costumes trois pièces avec un gilet et les pantalons à pinces se portaient avec un large ourlet au bas. Oscar aimait porter des costumes et fanfaronner dans les clubs les plus en vue du vieux Londres. Il aimait s'y amusait à la nuit tombée et attendait le bon moment pour choisir sa victime et la vider de son sang entre deux cocktails. Maintenant, on enfile des jeans, on se contente du basique, même les chaussures autrefois en cuir noir, marron ou cognac, font aujourd'hui preuve de médiocrité. Oscar se souvenait encore de le tendance mocassin très en vogue à cette époque, du moins pour les personnes qui avaient les moyens de s'en payer.


Asael, de bons conseils, c'était chargé d'aider notre strigoi à ne « pas faire tache dans le paysage » en l'aidant à trouver plusieurs tenues dont celle qu'il portait ce soir. Il n'était pas très à l'aise avec cela regrettant son ancien style. Le Jean trop près du corps, le simple t-shirt blanc, la veste noire toute aussi basique n'exaltait pas plus que ça la créature de la nuit, qui était loin de se douter de son nouveau pouvoir de séduction. Et si les vêtements font l'homme, ils ont engendré un très bel homme dans son temps. Mais soit, passons la difficile adaptation de l'ancien Lord, qui continuait à se pourvoir de mille et une manières, une attitude qui ne semblait déplaire à la magnifique Eva, qu'il observait avec beaucoup d'attention à présent. Une fois encore, elle se fit vile tentatrice et réitéra sa proposition de boisson. La tête penchée sur le côté, elle semblait un peu plus intriguée par son curieux invité qui s'éclaircit la voix et reprit la parole : « - Vous allez finir par croire que les britanniques ont tellement de codes qu'ils s'empêchent de vivre. » Il lui rendit son sourire pour lui faire savoir que la remarque ne l'avait pas offusqué, puis il repensa à sa dernière chasse, qui lui avait permis de récupérer un peu de sang placés bien au frai dans sa crypte et demeure. « - J'ai eu l'occasion de me désaltérer suffisamment, ne vous en fait pas pour cela, merci quand même. » Une fois encore, il lui sourit et la regarda boire sa tisane. Silencieux, il l'observait se mouvoir, se rappelant le souvenir de l'amour de sa vie qui lui ressemblait tant. Puis il chassa, une fois encore, cette pensée de sa tête et consentit à répondre aux quelques questions du médecin.


« -L'impossible a bien des formes vous savez ! Et puis n'êtes-vous pas docteur ? La science est quelque chose, qui centre tout autour de la raison. Je peine à imaginer les gens de science prêts à croire en l'impossible sans chercher à trouver une explication. » Elle posa sa tasse sur le comptoir avide d'encore plus de curiosité. Oscar, imperturbable, écouta la belle brune le questionner sur ses facultés à lire dans les pensées, sans oublier de lui faire savoir avec bienveillance, qu'elle ne le prenait pas pour un fou. « -J'aime beaucoup votre sourire, il s'en dégage une chaleur qui pourrait, je le pense, réchauffer n'importe quel cœur de pierre. C'est un magnifique don ! Les personnes dont vous vous occupez, ont beaucoup de chance. » Eva continua à lui faire savoir, avec douceur, qu'à aucun moment, elle n'avait vu en lui un dément et effectivement, il n'avait nul besoin de scruter ses pensées pour la savoir sincère. Dès lors, il osa un premier contact. Il approcha doucement sa main de la sienne et la lui caressa. « -La démence aurait été, je le pense, un fardeau moins lourd à porter. » Il retira aussitôt sa main, se rappelant après coup, qu'il en avait trop dit. La jeune femme n'en demeurait pas moins encline à une ivresse avancée, demain, elle aura certainement tout oublié. Il lui reprit la main et la déposa contre sa propre poitrine. « -Vous sentez votre cœur battre n'est-ce pas ? Une vitesse constante, normale qui plus est. » Puis il guida sa main vers son torse « - Vous le sentez ? Un être humain normal ne pourrait subsister avec une fréquence aussi nulle. Mon cœur bat à peine et pourtant, je suis là devant vous. Je suis différent Eva, totalement différent. » Il retira sa main de la sienne et se leva du canapé, pourtant très confortable. « -Je pense que je devrais m'en aller dès à présent. Il se fait tard et vous devriez aller, vous reposez ! »

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MessageSujet: Re: La face cachée du mystérieux patient La face cachée du mystérieux patient EmptyJeu 20 Oct - 16:41


La face cachée du mystérieux patient





Si Eva avait su… Si elle savait que celui qui avait aidé Oscar à se vêtir et mieux s’intégrer à la société actuelle n’était autre que son ancien colocataire et meilleur ami, Asaël… L’asiatique avait bien des secrets pour son amie dont il s’était éloigné, à la fois physiquement et moralement. Et il n’était pas le seul à en avoir, des secrets, Oscar était un être bien mystérieux qui piquait toujours plus la curiosité de la chirurgienne.
Celle-ci se sentir un peu maladroite après coup, avec sa réflexion sur les codes britanniques. Mais le sourire de son charmant interlocuteur la rassura, il n’était pas vexé. Même si elle commençait vraiment à dessaouler, les paroles avaient encore un peu tendance à aller plus vite que ses pensées. Elle lui rendit son sourire, et ils regagnèrent le salon, Eva claudiquant toujours à cause de sa cheville foulée. Elle prit garde à ne pas renverser ce qui restait de tisane sur le trajet. Le beau lord avait refusé une seconde fois de prendre quelque chose à boire, et l’hôtesse improvisée l’invita donc à s’asseoir au salon. Elle s’installa à son tour, posant son mug sur la table basse.
Oscar se lança alors dans un discours concernant l’impossible. En soit, il avait raison. Mais la jeune femme connaissait des contre-exemples.

-Vous savez, je connais nombre d’éminents médecins qui sont croyants et pratiquants. Pourtant, la religion et dieu ne sont-ils pas des choses totalement abstraites dont il est impossible de prouver l’existence de manière scientifique ? Je pense que ce que chacun peut accepter de croire lui est propre, je veux dire propre à sa personne et son âme, à ce qu’il a vécu et à son expérience de la vie, et pas seulement à ce qui le rattache ou non à la science, ajouta-t-elle avant de tendre sa main pour reprendre son mug et l’en délesté d’une gorgée.

Soudain, Oscar changea de sujet pour complimenter son interlocutrice sur son sourire. La jeune chirurgienne sentit ses joues s’empourprer tandis qu’elle eut un sourire timide en baissant les yeux quelques secondes. Elle-même se surprit à réagir de cette façon. D’habitude, les compliments des hommes ne la gênaient pas, alors pourquoi avec Stoker était-ce différent ? Ce n’était pas la première fois qu’un homme -qui lui plaisait- lui disait qu’elle avait un beau sourire, tout de même !

-Oh… Vous savez, mes patients n’ont pas vraiment l’occasion de voir mon sourire, étant donné qu’ils sont le plus souvent endormis quand je m’occupe de leur cas… et puis je porte un masque de chirurgie…

Elle interrompis sa phrase en sentant la main d’Oscar frôler puis caresser la sienne. Sa bouche resta entrouverte, comme si les mots étaient restés en suspend. Son regard ne quittait plus le sien, elle était comme hypnotisée. Elle l‘observait tout comme elle l’écoutait, avec attention. De quel fardeau parlait-il ? Elle n’eut guère le loisir de poser la question, après avoir séparé sa main de la sienne, le bel anglais finit par attraper carrément la main de la demoiselle, lui faisant sentir ses propres battements cardiaques en lui demandant si effectivement elle les sentait. Eva hocha la tête à la question, bien sûr qu’elle les sentait ! Puis, il plaqua la main de la chirurgienne sur son torse musclé. Là, quelle ne fut pas sa surprise en… ne sentant rien ! Bouche bée, yeux écarquillés, elle s’empressa de lui attraper le poignet pour tâcher de sentir un pouls. Il déclara alors être différent. Elle put enfin sentir une faible pulsation. Comment était-ce possible ? Son coeur devait battre à quoi, deux pulsations par minute ? Comment ses muscles et son cerveau pouvaient-ils être oxygénés correctement ?
Toujours encline à une stupéfaction qui n’avait de cesse de s’accentuer, la jolie brune le regarda se lever. Le mystère de la science voulait déjà s’en aller.

-Non ! Souffla-t-elle en le tenant toujours par le poignet. Je vous en prie, ne partez pas, pas déjà… Je veux dire… Vous ne pouvez pas me faire une telle révélation et ensuite me laisser en plan… J’ai besoin de savoir.

Son intonation était presque suppliante. Comment faisait-il pour… être en vie, tout simplement ? Là où d’autres auraient pu être effrayés, Eva était tout simplement curieuse et fascinée par un tel miracle. Etait-il atteint d’une maladie rare ? Il y avait forcément une explication. Il y en avait toujours une.




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MessageSujet: Re: La face cachée du mystérieux patient La face cachée du mystérieux patient EmptyLun 24 Oct - 15:20


La face cachée du patient mystérieux

“Chacun de nous est une lune, avec une face cachée que personne ne voit.”- Mark Twain







« -J'ai surement cette vision erronée de la science et de cette impossibilité à croire en quelque chose d'inexplicable. J'ai toujours vu les scientifiques comme des personnes incapables d'appréhender l'extraordinaire. Mais peut-être, suis-je en train de faire fausse route. On dirait que les mentalités ont évolué et qu'effectivement, mon raisonnement est totalement erroné. Et de vous à moi, je vous trouve très alerte et pourvu d'une parfaite argumentation pour quelqu'un qui a bu quelques verres en trop. Nous pourrions presque avoir un débat. »


Mais évitons les sujets délicats cela va de soi. Oscar n'avait d'ailleurs nullement prévu de s'embarquer sur de tels chemins de traverse, néanmoins, il ne pouvait nier apprécier la conversation que tenait la jeune femme, une éloquence qui n'était pas sans rappeler au strigoï de vieilles connaissances, qui n'étaient malheureusement plus de ce monde à présent. Le débat laissa donc place à une série de compliments formulés de la bouche d'Oscar qui observait son interlocutrice dans le détail depuis qu'elle avait commencé à parler. Ravi de ne pas paraître fou à l'égard de la charmante médecin, l'ancien Lord ne put que se sentir un peu plus à son aise et la para de ce fait de quelques compliments dont lui seul, vil charmeur, en avait le secret. Il remarqua aussitôt le teint légèrement rosé que venait de prendre les joues de l'Américaine. « - Vos joues s'empourprent on dirait ! Suis-je à ce point rouillé dans l'art de complimenter une demoiselle ?! » Il se tue dès lors, laissant volontiers la parole à Eva, curieux de savoir ce qu'elle pourrait lui répondre.


« -Je vois ! Je n'étais pas endormi moi ! J'ai donc bénéficié d'un beau privilège. D'ailleurs, si vous me permettez, je trouve dommage qu'un si beau sourire soit caché derrière un masque si hideux. Mais soit, je suppose que vous obéissez à des impératifs médicaux. » A l'époque où Oscar était encore humain, la médecine n'étant qu'à ses balbutiements, ne s'accommodait pas de tant de principe de protection. Une protection couvrant le bas du visage était recommandée, sans pour autant être appliquée par la plupart des praticiens. « -Les choses changent j'imagine ! » constata-t-il l'air un peu absent.


La main du vampire, froide et sans vie avait frôlé puis caressé celle de la jeune femme. Un geste qui rappelait à Oscar, les vieux souvenirs d'une humanité défaillante qui renaissait peu à peu sans qu'il ne puisse se l'expliquer. Il en fut d'ailleurs quelque peu gêné lorsque le regard d'Eva accrocha le sien. Il parlait, mais il parlait trop, un trop qui pourrait le menacer à la longue. Il se délesta enfin des mots, pour essayer de se soustraire à cette sensation étrange qui assaillait son esprit et opta pour les gestes. Après avoir fait entendre les battements réguliers de son cœur à la jeune femme, il en fit de même avec les siens quasi-inexistants. Eva hocha la tête après qu'il lui ait demandé si elle sentait quelque chose. Le regard de la demoiselle perdit de son intensité pour laisser paraître un sentiment que l'ancien Lord n'avait que trop vu durant ses années « de boucherie » Puis la jeune demoiselle, contentieuse jusqu'au bout, attrapa le poignet de son invité pour s'enquérir de son pouls, qui sans surprise ne laissait percevoir qu'une très faible pulsation. Le regard et l'attitude en disaient long sur l'effroi de cette découverte. Oscar comprit alors, bien malgré lui, qu'il en avait peut-être trop dit. Sans plus attendre et pour s'éviter d'autres problèmes, il se leva et entreprit de s'en aller, presque désolé de continuer à cultiver ce foutu mystère. Il ne put se résoudre à entamer le premier pas, avant que la voix déjà familière d'Eva ne se fasse entendre à nouveau. Il remarqua dès lors sa main sur son poignet et son regard suppliant qui laissait apparaître une trop grande curiosité dont il était la cause.


« - Vous laissez en plan ? J'ignore ce que veut dire cette expression, mais je suppose que vous n'appréciez guère le fait de ne point avoir accès à toutes les informations. » Cependant, il n'en demeura pas moins rassuré de voir que passé la stupéfaction, c'est la curiosité et non la peur qui avait pris le relais. « -Je n'aurais pas du venir je m'en excuse ! Je crois vraiment qu'il est préférable que je m'en aille et ne me retenez pas. » Il la regarde l'air désolé et retira sa main « - Parfois, il est préférable de ne pas savoir » Il lui sourit tristement puis s'éloigna sans attendre. Il ouvrit la porte, la referma aussitôt et en profitant pour disparaître, laissant ainsi notre pauvre Eva « en plan »


Quelques jours plus tard.


Il attendit patiemment que le soleil meure pour sortir de sa tanière. Il prit soin avant de partir, de vider l'une des poches de sang dont on lui avait « gentiment » fait cadeau. Il put ensuite se résoudre à sortir sans danger. Naturellement, il reprit la route et se dirigea vers la plage, là où tout avait commencé. Ce lieu, aussi banal soit-il, était son point d'ancrage en quelque sorte. Malgré la peur de l'enferment, celle de l'océan s'était amoindrie, le son des vagues parvenaient même à l'apaiser l'espace d'un court instant. Mais ça ne durait jamais malheureusement, tout comme la quiétude « Foutu âme ! » n'avait-il de cesse de se répéter lorsque son humanité nouvellement (ré)acquise se manifestait, à savoir quotidiennement depuis son retour. Il s'assit donc dans le sable, sentit l'air iodé qui embaumait les lieux, puis il ferma les yeux pour mieux savourer ce moment de quiétude qui lui était offert. Il se concentra longuement sur le bruit des vagues et tenta de faire le vide…

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MessageSujet: Re: La face cachée du mystérieux patient La face cachée du mystérieux patient EmptyVen 28 Oct - 19:29


La face cachée du mystérieux patient





Eva éclata de rire face à un Oscar qui parut surpris de la voir tenir un discours cohérent malgré les quelques verres en trop.

-Allons, une bonne frayeur doublée d’une entorse ont tendance à faire dessaouler assez vite, j’imagine que je ne vous apprends rien.

Elle lui sourit avec tendresse. Parfois par ses propos quelque peu ingénus, il lui faisait penser à un petit garçon qui découvrait la vie. C’était assez attendrissant pour un homme de son âge. Enfin, ça l’était surtout à cause de ce qu’il avait vécu. C’eut été quelqu’un d’autre, Eva aurait trouvé ça sans doute un peu lourd à la longue. Et le charmant britannique ne se priva pas d’user de son charme en complimentant la jeune femme qui se sentit quelque peu rougir, sans que l’auteur de ceci ne manque de le lui faire remarquer.

-Non, non du tout ! s’empressa -t-elle de répondre, rougissant de plus belle. Ce n’est rien, juste un coup de chaud à cause de… la tisane ! Et vous, non vous… n’êtes pas rouillé, non, certainement pas, ajouta-t-elle avec un ricanement nerveux.

Malgré son léger malaise, la chirurgienne était ravie que son ancien patient trouve son sourire à son gout. Rares étaient les patients qui étaient aussi touchants. Et puis il fallait bien reconnaitre qu’elle le trouvait fort séduisant. Mais ne nous égarons pas. Eva hocha la tête lorsque le britannique affirma comprendre que porter un masque pour elle relevait d’impératifs médicaux. C’était évident, non ? Mais allez savoir pourquoi, pour cet homme, même les choses les plus logiques pouvaient paraitre, quand il les disait, une nouveauté.
Alors qu’Oscar venait de lui faire part de ce qui pourrait être la découverte médicale de la décennie, voire du siècle, il voulait déjà s’en aller. La belle brune n’était pas prête à le laisser filer sans avoir une explication, ou du moins essayer d’en chercher une. Encore une fois, le lord montra son ignorance sur certaines expressions pourtant bien populaires, comme « laisser quelqu’un en plan ». Eva secoua la tête en clignant des yeux frénétiquement. Essayait-il de noyer le poisson ? Alors qu’elle le retenait par le poignet, le bel Apollon s’était levé, et l’air désolé, avait confirmé vouloir s’en aller. La jeune femme n’eut rien le temps d’ajouter, ni de protester, bien qu’elle le voulait de toutes ses forces, qu’il avait déjà franchi la porte. La belle brune soupira, l’air dépité.

Quelques jours plus tard.

Eva n’avait eu de cesse de penser à cette entrevue avec Oscar, à ce qu’il lui avait révélé, son étrange cas de bradycardie extrême. Etant donné qu’à cause de sa cheville on l’avait gentiment renvoyée chez elle, la jeune femme avait fait quelques recherches, mais aucun cas n’était aussi poussé que celui de Mr Stoker. Elle avait donc orienté ses recherches sur la famille de ce Lord, histoire de voir s’il s’agissait d’un cas héréditaire. Pour ce faire, elle avait dû se rendre à la bibliothèque afin de chercher dans une base de données plus large. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle vit des gravures d’un certain Oscar Stoker, datant du XIXeme siècle ! Le portrait craché du descendant portant exactement le même nom. Elle en eut froid dans le dos. Comment une telle chose était-elle possible ? Une telle ressemblance, on aurait dit des jumeaux ! En tout cas, rien n’apparut sur une quelconque maladie, seulement une histoire tragique concernant la famille Stoker. Eva, pleine de compassion, en eut presque les larmes aux yeux. Quelle tragédie, quelle horreur ! Cette famille avait été décimée, et le lord portant le même nom qu’Oscar et ayant étrangement la même apparence avait disparu. La petite brune referma la page informatique et décida d’aller faire un tour. Quand elle sortit, la nuit était déjà tombée. Son atèle à la cheville lui permettait de marcher sans trop souffrir, et elle décida d’aller faire un tour sur la plage, là où elle avait vu son beau mais néanmoins étrange patient pour la première fois.

La jeune femme marchait dans le sable, bras croisé, perdue dans ses pensées. Une légère brise marine caressait son visage et lui permettait de sentir les embruns que les vagues propulsaient vers elle. Sa paire de ballerines à la main, elle était si près que ses orteils pouvaient sentir l’eau salée les chatouiller. Elle s’arrêta un instant face à l’océan et prit une profonde inspiration, les yeux fermés. Son esprit vagabondait, la terrifiante histoire de la famille Stoker lui avait rappelé la mort de ses parents, et Eva ne pouvait que comprendre la peine ressentie par l’Oscar Stoker qui, avant de disparaitre, avait vu mourir sa famille. Sentant l’émotion la gagner en pensant à ses chers parents, elle secoua la tête et rouvrit les yeux, avant de se retourner. C’est là qu’elle distingua une personne assise dans le sable un peu plus haut. Machinalement, elle plissa les yeux pour essayer de mieux distinguer l’inconnu. Elle crut alors reconnaitre son ancien patient. Eva se demanda si ce n’était pas son imagination qui lui jouait des tours, étant donné qu’elle avait fait des recherches sur lui et sa famille toute la journée, et les deux jours encore avant. La chirurgienne s’approcha lentement et ne put que constater que c’était bel et bien lui. Il était revenu ici, sur cette plage où il avait été retrouvé bien mal en point.

-Oscar, c’est vous ? lâcha-t-elle par réflexe.

Elle mourrait d’envie de lui poser encore mille questions, mais il lui avait bien semblé la dernière fois que cet homme préférait garder ses secrets. Et pourtant… la curiosité était si forte, tout son être lui hurlait de trouver la solution à cette énigme médicale, sans compter le fait que… bordel il ressemblait comme deux gouttes d’eau à son ancêtre du XIXème siècle, ça aussi c’était troublant ! Eva décida de s’asseoir à côté d’Oscar, même si elle n’y était pas invitée. Sa cheville commençait à tirer, malgré l’atèle. Elle marchait depuis une bonne heure maintenant, il ne fallait pas non plus exagérer, au risque de retarder la guérison.

-Oscar, pourquoi êtes-vous parti si vite, la dernière fois ?

Elle se mordit la lèvre, sentant que sa question était maladroite. Elle n’avait aucune envie de le faire fuir, seulement discuter un peu et essayer de mieux comprendre tous les mystère qui entouraient cet homme.

-Pardon, ce n'est pas ce que je voulais dire...





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MessageSujet: Re: La face cachée du mystérieux patient La face cachée du mystérieux patient EmptyMer 2 Nov - 16:41


La face cachée du patient mystérieux

“Chacun de nous est une lune, avec une face cachée que personne ne voit.”- Mark Twain







Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis la dernière rencontre avec le docteur Cortez. Des jours qui ne représentaient que peu de chose pour Oscar exempt de temporalité. Néanmoins, malgré les longues journées, perdues au fond de son caveau, lorsque le sommeil venait à s'absenter, il s'était octroyé du temps pour réfléchir, mais surtout pour penser à la belle Eva dont la ressemble avec son grand amour, était plus qu'évidente. Une ressemblance qui forte heureusement n'était que physique. Lucie était une jeune femme intrépide, qui n'avait peur de rien, encore moins de faire valoir son rang, inférieur à celui d'Oscar. Aventurière dans l'âme, elle rêvait de voyages et d'une nouvelle vie, loin de la capitale anglaise bouleversée par la lutte des classes et les progrès techniques. La belle Amérique la faisait rêver, autant que l'espoir d'une vie passée auprès de son Lord. Malgré tout, en faisant abstraction de la ressemblance physique plus qu'évidente, Oscar n'en demeurait pas moins touché par Eva. Il percevait dans ce regard chaud et pétillant à la fois, les tréfonds d'une grande peine qu'elle cherchait évidemment à dissimuler par le biais de quelques sourires et maladresses. Il ne connaissait pas son histoire, mais pour lui, il était évident que la belle avait souffert et que la vie n'avait de ce fait, pas était tendre à son égard. Peut-être était-ce pour cela qu'elle avait choisi de dédier sa vie aux autres, pour leur apporter ce qu'elle-même n'avait pas eu. Le Britannique qui ignorait tout de la psychologie qui plus est humaine, semblait néanmoins s'en tirer à bon compte.


« -Les humains sont voués à souffrir ! C'est bien triste, je trouve ! » avait-il lancé à Asaël lors d'une de leur grande conversation. Le jeune homme rendait souvent visite à celui qui, dans une autre vie, aurait été son bourreau. Il lui apportait quelques petites choses et se chargeait de son apprentissage du monde moderne. C'est d'ailleurs l'alchimiste qui s'était chargé de trouver un abri au vampire pour que ce dernier puisse se soustraire au soleil en journée. Une étrange relation s'était ainsi nouée entre les deux êtres, une relation aussi étrange qu'improbable, mais qui permettait au strigoï d'être un tant soit peu sociable et d'apprendre tout un tas de nouvelles choses sur ce monde et ce siècle afin de ne pas être trop à côté de la plaque. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il en avait du retard, le genre que l'on ne comble pas en une seule fois, même avec la meilleure des volontés. Pour mieux combler ses lacunes et avec le concours de celui qui s'apparentait à un ami, le vampire était parvenu à se procurer tout un tas de manuels relatant l'Histoire mondiale sur le dernier siècle. Il avait aussi opté pour quelques romans « modernes » histoires de comparer les plumes du passé avec celles du présent. Rien de bien glorieux au vu de la qualité médiocre de ces romanciers à la mode, mais une épreuve par laquelle il fallait en passer. Toutefois lassé de la médiocrité, le beau ténébreux avait choisi de se tourner vers le passé par le biais de l'Histoire. Intrigué et curieux de savoir ce qui était arrivé peu de temps après qu'il soit enfermé dans un cercueil et jeté à la mer, il refréna très vite ses ardeurs. Si la première grande guerre ne l'avait pas plus ébranlé que cela, la Seconde le désarçonna totalement. Touché en plein cœur, il découvrit avec horreur ce qui était arrivé à l'Europe. Le petit homme moustachu qui commençait à faire parler de lui à l'époque où Oscar était encore Lord Stoneheart, était finalement parvenu au pouvoir et si le vampire l'admirait lorsqu'il était délesté de son âme, les choses différaient à présent. Il lui fallut plusieurs jours pour se remettre de ce qu'il avait découvert et prendre la pleine conscience de ce que l'homme était capable d'accomplir dans les heures les plus sombres de son Histoire. Le pauvre n'en avait malheureusement pas terminé avec l'Histoire et les dérives de l'être humain qui dans ses heures les plus sombres illustré à merveille la locution latine de Plaute, à savoir « Homo homini lupus est »


Marqué par la Shoah, par ses atrocités et de ce fait confronté lui-même et à sa propre monstrueuse nature, le Britannique qui se sentait alourdit par le poids de la culpabilité, quitta son repère d'infortune pour regagner la plage. Devenue une sorte de rituel, cette promenade lui permettait de penser à autre chose. Seul, face à la mer, sur le sable, il se vidait ainsi la tête, le regard rivé sur cet infime horizon. Arrivé à destination et après avoir foulé le sable de quelques pas, le strigoï prit place face à la mer et se laissa ainsi habité par la quiétude des lieux. Malheureusement pour lui, le souvenir des deux jeunes persistait et la quiétude prit fin avant même d'avoir commencé. Puis, comme une éclaircie au beau milieu d'une averse, il la vit au loin. Malgré le bruit de la houle, malgré les ténèbres et malgré son regard éteint, il l'avait reconnu. Ses autres sens en alerte, le doux parfum fruité de la demoiselle, le délester du moindre doute. Il rouvrit alors les paupières, ne quittant pas du regard, le vaste océan qui continuait à lui offrir ce si beau et si doux spectacle. « -Je crois effectivement que c'est bien moi ! » consentit-il à lui avouer avec un petit sourire. La jeune demoiselle arriva enfin à sa hauteur et s'assit sans plus attendre, de toute façon, il n'aurait pu se résoudre à lui dire non, si par hasard, elle le lui avait demandé.  Le regard du Britannique se posa dès lors sur le pied de la belle américaine, il remarqua l'atèle, mais se contenta d'un silence et reporta son attention sur l'océan tandis qu'Eva cédait à la curiosité en lui demandant pourquoi il était parti aussi vite la dernière fois. En guise de réponse, l'ancien lord se contenta de cela : « -Il existe un monde où nul ne pénètre, Non loin des abysses et de ses mélodies, Au cœur du tumulte. George Gordon Byron plus communément appelé Lord Byron. Un grand défenseur de la liberté, un révolté de la politique et de la société, mais plus encore un excellent poète. Vous savez, à la fin du XVIII ème siècle, lui et certains auteurs comme Chateaubriand et même ce cher Charles Baudelaire, évoquèrent les tempêtes de la vie à travers celles de l'océan. C'était moderne pour l'époque de chercher à se démarquer du modèle antique. La mer idéalisée, elle devient ainsi le miroir de l'âme du poète, le rythme d'une respiration profonde. La poésie, comme la photographie, j'imagine, à cette capacité à saisir nos sentiments par des images, des illustrations parfaites de l'instant. J'ai toujours aimé la poésie, je crois que c'est l'une des rares choses que j'ai su faire perdurer. » Il se tue ensuite, histoire de ne pas trop monopoliser la parole.  


Le regard toujours braqué sur le vaste océan, il n'en demeurait pas moins sensible aux pensées de la belle brune, qui y laissait entrevoir mille et une question, mais plus encore, elle laissait entrevoir à son interlocuteur, le fruit de ses recherches. Une constatation qui engendra un petit rictus sur les lèvres du strigoï. « -Le mystère a quelque chose d'intriguant n'est-ce pas ? Il représente ce qui est inaccessible à la raison humaine, ce qui est obscur, caché, inconnu, incompréhensible. Il est un évènement inexplicable, une aventure énigmatique dans laquelle certains pourraient aisément se perdre ! Je perçois en vous, mille et une question autour de ma propre personne. La curiosité est un vilain défaut n'est-ce pas ?! Je vais vous raconter une histoire qui vous paraîtra familière, je n'en doute pas. » Il se tue à nouveau, mais cette fois, il détourna le regard et le posa sur son interlocutrice pour s'assurer de toute son attention. "-Il y a longtemps, assez pour que cela nous paraisse éloigné, vivait une famille de riches aristocrates qui servaient avec fidélité les dirigeants de leur belle cité encline à bien des changements. La richesse de cette famille était une de leur grande qualité et faisait de ses membres des êtres respectés, autant qu'ils étaient haïs. Le paraître encore et toujours, on ne leur connaissait pas d'autres qualités. Néanmoins, il y avait comme qui dirait une tâche sur le tableau. L'un des fils, l'ainé de la fratrie. Il se fichait de tout et plus particulièrement de cette fastueuse richesse dont il était tributaire. Il détestait aussi les grands banquets et toutes ces manifestations où les bons partis se donnaient en spectacle. Lui aimait les choses simples, les arts comme la littérature, la poésie, la musique. Il était intelligent, charmant et aimable. Il avait aussi une myriade de prétendantes, mais il n'avait d'yeux que pour une seule femme, qui n'avait contrairement aux autres ni titre, ni richesse. Une relation qui ne fut pas approuvée évidemment, mais peu importe, il l'aimait et de ce fait, il fit tout son possible pour la faire accepter des siens. Et il y était parvenu, car aussi fou que cela puisse paraître, la famille riche à l'excès, outrepassait les apparences. Leur richesse n'était en public que leur unique qualité, mais dans le cercle intime, on les savait mécènes et philanthropes. Dans cette cité bouleversait par les changements, les pauvres crevaient de faim tandis que les familles les plus fortunées, se battaient les unes contre les autres pour contrôler la belle Cité. Il existait alors quatre familles. Les Thompson qui œuvraient dans les bas-fonds. Les Bolton qui avaient la main mise sur les ports et qui de ce fait jouissaient des divers trafics maritimes. Puis vous aviez les deux plus riches familles, opposées l'une à l'autre. Les Acker bien sûr et … » Il se tue un court instant se demandant s'il devait continuer à narrer sa petite histoire. Mais pouvait-il en être autrement ? Il avait déjà bien commencé, se taire à présent était un affront et le regard d'Eva en disait long. Il prit donc une grande inspiration et reprit.


« -Les Acker et les Stoker. Les Acker possédaient la moitié de la cité et avaient à leur solde les Thompson et les Bolton. Des pourritures parmi la pourriture. Ils possédaient tout par la force. La famille Stoker était quant à elle le dernier des remparts contre la corruption. Hais par les plus riches, ils étaient aimés des plus pauvres. Lady Catelyn Stoker était une oratrice hors pair et son mari Lord Sullivan était un homme charismatique, un grand guerrier loué par la Reine elle-même. Il disait souvent qu'un homme ne se mesure pas à sa richesse ni à ses possessions, mais à son intégrité » Ils faisaient le bien et apportaient un peu d'espoir aux gens. Ils avaient aussi quatre enfants, trois filles et un garçon, l'aîné de la fratrie. Ils furent tous tués sans exception, lors du Bal rouge, une festivité qui avait lieu tous les ans à la même période. » Le regard lourd, la mâchoire serrée, le narrateur, revivait des souvenirs qu'il pensait avoir effacés de sa mémoire et qui semblaient malgré les décennies écoulées toujours aussi vivaces. « -Le fils fut le dernier a être exécuté. On retrouva bien plus tard, le corps sans vie de sa bien-aimée, assassinée par l'un des fils Acker qui lui-même aimait la demoiselle sans rangs. Et voilà comment s'achève cette triste histoire dont vous avez certainement eut connaissance en vous livrant à quelques recherches n'est-ce pas ? Vous avez certainement vu des tableaux, des gravures de cette famille, je me trompe ?! Leur fils me ressemble traits pour trait n'est-ce pas ? ! Et si je vous avoue ici et maintenant, que c'est bel et bien moi qui figure sur les gravures me croiriez vous ? Ne s'appelait-il pas Oscar tout comme moi ? La question est somme toute rhétorique, alors à quoi bon continuer à entretenir le mystère ? Eva, je suis Oscar Stoker, fils de Lord Sullivan et Lady Caetlyn Stoker. Je suis né à Londres, en l'an 1800. Je ne suis pas atteint de démence croyez-moi ! Toutefois, pour ne point vous effrayez davantage, je ne peux me résoudre à continuer de vous raconter mon histoire. »

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MessageSujet: Re: La face cachée du mystérieux patient La face cachée du mystérieux patient EmptyMar 8 Nov - 13:45


La face cachée du mystérieux patient




Le hasard, ou le destin, enfin cette chose qui faisait arriver certains événements dans votre vie, était vraiment étrange. Il semblait que le chemin d’Eva ne faisait que croiser celui d’Oscar, ces derniers temps. Cet homme l’avait intriguée dès le premier regard qu’elle avait posé sur lui, et pas seulement parce qu’il était un cas d’école médicalement parlant. Tout chez lui dégageait un certain mystère, et pour une personnalité empreinte de curiosité comme celle du Dr Cortez, ce mystère dénommé Oscar Stoker l’attirait forcément. Et n’allez pas croire que c’était parce qu’elle avait remarqué son joli petit cul…
Après que ce charmant britannique, qui n’était plus son patient, l’ait sauvée de l’attaque d’un sombre inconnu alors qu’Eva était quelque peu sonnée par tout l’alcool qu’elle avait ingurgité, elle avait apprécié son aide salutaire afin de regagner son domicile. C’est là que la situation devint étrange. Oscar lui révéla alors l’étrangeté de son cas. En médecin qui se respecte, Eva avait bien du mal à croire qu’un être humain puisse vivre avec une aussi faible activité cardiaque, et alors qu’elle demandait des réponses, l’énigmatique monsieur Stoker préféra quitter les lieux, laissant la jeune femme avec ses interrogations.

C’est ainsi que la chirurgienne, étant dans l’incapacité d’exercer quelques jours à cause de sa cheville, elle avait laissé sa curiosité la guider jusqu’à la bibliothèque afin d’effectuer quelques recherches. La famille d’Oscar avait une histoire aussi triste que fascinante. Mais ce fut bien la gravure de l’homonyme de son sauveur qui interpela le plus Eva. Ce lord du dix-neuvième siècle ressemblait trait pour trait à son descendant qui portait exactement le même nom, voilà qui était une chose troublante. Néanmoins, la jolie brune ne put consentir à laisser son esprit rationnel tendre vers l’idée que ces deux Oscar puissent être la même personne. A la base, ces recherches avaient pour but de déceler une maladie rare et héréditaire dont auraient pu être atteints les ancêtres de ce cher monsieur Stoker. Mais il n’était mention de rien à ce sujet dans tout ce qu’elle avait pu trouver.

Marchant sur la plage à la fin de cet après-midi de recherches, la jeune chirurgienne était, encore une fois, tombée sur lui Quelle coïncidence, alors qu’elle avait passé plusieurs heures à faire des recherches sur sa famille. Surprise, croyant d’abord que son imagination lui jouait des tours, elle s’approcha et demanda de manière rhétorique si c’était bien lui. Elle s’assit ensuite à côté de lui, lui demandant naïvement et maladroitement pourquoi il s’était sauvé. Sans doute avait-elle posé trop de question, déjà ce soir-là. Il lui répondit par une phrase d’un poème de Byron. Eva sourit, c’était joli, et lui expliqua alors que nombre de poètes et écrivains utilisèrent par le passé la mer comme métaphore de l’âme.

-Je dois bien avouer ne pas être très versée en poésie, mais vous semblez ne pas manquer de ressource, c’est très intéressant.

A vrai dire, les cours de littérature remontaient à très loin pour Eva, et ce n’était clairement pas les matières dans lesquelles elle excellait, bien qu’elle les trouvât intéressantes.
Oscar fit comprendre à la jeune femme qu’encore une fois, il avait usé de ses dons pour connaître ses pensées, et ainsi, avait su qu’elle s’était livrée à quelques petites recherches sur ses antécédents. Eva se sentit rougir, heureusement que la nuit pouvait aisément dissimuler cela.

-Vous recommencez… souffla-t-elle à mi-voix, troublée de l’entendre parler par énigmes. Je… je ne voulais pas être indiscrète, c’est juste que… je me demandais s’il y avait des antécédents… à votre cas, tenta-t-elle maladroitement d’expliquer.

Il savait qu’elle connaissait l’histoire tragique de sa famille, mais il souhaita lui donner sa version des faits, sans doute qu’elle serait bien plus juste que celle que l’on peut trouver dans de vieux écrits, après tout, les descendants de grandes lignées n’avaient-ils pas bien souvent quelques traces bien plus personnelles que des témoignages extérieurs, permettant de relater avec d’avantage d’exactitude les faits passés ? La jeune chirurgienne était donc bien curieuse d’en apprendre d’avantage sur cette famille au funeste destin. Elle l’écouta donc avec la plus grande des attention, posant son regard plein de bienveillance sur lui, qui regardait la grande étendue d’eau devant eux qui berçait le discours du britannique du son de ses vagues roulant sur le sable. Comment ne pas être ébranlé par une telle histoire, surtout lorsque l’on sait qu’elle est véridique ? Eva ressentait une telle compassion pour cette famille Stoker qui s’efforçait d’être juste vis-à-vis des plus démunis, et qui s’était attiré les foudres des autres grandes familles de la ville. Ce guet-apens que ces dernières avaient tendu aux Stoker était d’une infamie sans nom. La jolie brune ne comprenait vraiment pas comment l’on pouvait se conduire ainsi, de vouloir à ce point du mal à toute une famille au point d’en tuer tous ses membres jusqu’au dernier. Elle repensait bien évidemment à ses pauvres parents qui avaient été assassinés chez eux en pleine nuit, il y avait de cela quelques courtes années.

Oscar acheva son discours en demandant à son interlocutrice si cela rejoignait ce qu’elle avait trouvé au cours de ses recherches. La demoiselle acquiesça, quelque peu gênée d’être aussi prévisible, ou plutôt de savoir qu’il lisait toujours dans ses pensées.

-Oui, c’est bien ça… répondit-elle en hochant la tête. Mais encore une fois, je veux que vous le sachiez,loin de moi l’idée de vouloir fouiner dans la vie de votre famille, c’était… purement médical comme recherches…

Et bien entendu, elle ne put qu’acquiescer au fait que la ressemblance, pour ne pas dire l’exactitude de similarité des traits qu’il avait en commun avec son ancêtre du même nom était plus que troublante. Oscar Stoker, celui du vingt-et-unième siècle retrouvé dans une boite au fond de l’océan, était une personne étrange, cela, Eva s’en était aperçue en l’écoutant. Mais les propos qu’il lui tint alors ne purent qu’étayer cette pensée. Voilà qu’il prétendait être son ancêtre, celui dont la chirurgienne avait vu une gravure scannée dans l’écran informatique de la bibliothèque. Elle écarquilla les yeux, se demandant s’il essayait de plaisanter, mais son regard et sa voix étaient empreints d’une sincérité désarmante.


-Allons Oscar… Vous me faites marcher, cela voudrait dire que vous aurez deux-cent seize ans ?

Il semblait tellement persuadé par ses propres dires… Mais les fous ne l’étaient-ils pas également lorsqu’ils affirmaient leurs balivernes avec une certitude qui leur était propre ? Pourtant, Eva n’avait aucune envie de considérer Oscar comme fou. Elle se tourna vers lui, en croisant les bras, et le regarda avec curiosité.

-Très bien, vous semblez si sûr de vous. Alors expliquez-moi comment une telle chose serait possible ? La personne la plus âgée de ce monde a cent-huit ans, et elle est loin d’être aussi bien conservée que vous… Alors je vous en prie, éclairez ma lanterne, très cher Oscar, demanda-t-elle en souriant.

Il était clair qu’elle s’attendait à ce qu’il lui sorte une énormité, comme pour confirmer qu’il s’agissait d’un canular et qu’il s’amusait souvent ainsi à se faire passer pour son aïeul de passé deux-cents ans. Allait-il lui dire que le secret de sa longévité avait un rapport avec son étonnant rythme cardiaque quasi inexistant ? A la vérité, la belle brune était bien curieuse de savoir ce que son bel anglais allait lui trouver comme explication. Le pire, dans tout ceci, c’était qu’il était incroyablement convaincant pour une personne qui se prétendait âgée de deux siècles et avoir survécu à une tuerie où pourtant l’on affirmait l’avoir vu mourir.


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MessageSujet: Re: La face cachée du mystérieux patient La face cachée du mystérieux patient EmptyJeu 10 Nov - 1:12


La face cachée du patient mystérieux

“Chacun de nous est une lune, avec une face cachée que personne ne voit.”- Mark Twain







Lorsqu'enfin, il eut achevé le funeste récit de sa vie passée, le beau Britannique plongea son regard dans celui du docteur Cortez, qui malgré les propos « invraisemblables » de son interlocuteur, ne l'avait coupé à aucun moment. Néanmoins, avant même de mettre un point final sur son histoire, Stoker comprit, en lisant les pensées de la belle brune, qu'elle n'était pas prête à accepter cette vérité, que la possibilité que son interlocuteur soit fou, était à présent une évidence. Lui en voulait-il ? Non, car il s'y était préparé. Qu'importe l'époque, les hommes et les femmes de science ne peuvent se défaire de leur carcan de raison. Ils sont ainsi faits et puis les humains de ce siècle semblent l'être tout autant. L'on ne peut de ce fait, se résoudre à leur demander de croire en ce qui paraît être impossible. Oscar laissa sa main caresser le sable refroidi par la nuit, puis il en prit une poignée et la laissa filer progressivement devant lui. «- J'ignore ce que veut dire cette expression « faire marcher » mais le ton de votre voix, me laisse à imaginer que vous pensez que je me joue de vous ! Je perçois aussi des choses qui me déplaisent très fortement. Je ne suis pas fou, si c'est ce que vous pensez. » Il continua à laisser le sable filer dans sa main tout en prenant le temps d'écouter ce qu'Eva avait à lui répondre. Il ne put s'empêcher de sourire lorsqu'elle évoqua à titre d'argument la personne la plus âgé du monde. « -Cent-huit ans vous dites ?! Pas mal pour un être humain ! »


Le sable avait cessé de filer dans sa main, son regard posé sur Eva ne laissait rien paraître, à l'inverse de celui du jeune médecin. « - L'on pourrait croire que nous sommes promis à la mort, tous sans exceptions. N'est-ce pas ? Je suppose que pour certain, comme cette personne dont vous venez de parler, l'attente est plus longue ! Et pour d'autres, l'attente n'a plus lieu d'être. Eva, j'ai bel et bien deux cent seize ans. Avant de continuer mon histoire, laissez-moi vous dire avec la plus grande des sincérités, que vous ne risquez rien, que quoiqu'il arrive, je ne vous ferais jamais le moindre mal. Vous…vous ressemblez tellement à Lucy » Il se tue et lui prit la main « -Je l'aimais bien plus que ma propre vie. » Puis il retira sa main, serra à nouveau la mâchoire et posa son regard sur l'horizon. « -Celui que j'étais à cette époque est bel et bien mort en 1835. Passé cette date, je suis devenu un tout autre être. Les anciens disent Strigoï. Il y a aussi les Moroï, c'est un de ceux-là qui a essayé de vous attaquer la dernière fois. »


Dès lors, il osa affronter le regard du médecin et continua malgré tout son récit « -Je vous dois la vérité docteur Cortez, une vérité aussi lourde à porter qu'un fardeau. Il existe dans ce monde, des êtres extraordinaires qui se jouent de la Mort. Tout ce qu'il y a dans les livres recèlent une part de vérité. Les sorcières, les magiciens, les lycanthropes et les vampires ne sont pas que des légendes croyez-moi !. Je suis l'un des leur Eva, j'ai été transformé peu après le massacre de ma famille. J'ai été façonné dans la haine et nourris par un désir de vengeance sans précédent. J'ai tué une à une toutes les personnes ayant joué un rôle dans le meurtre des miens. J'ai anéanti des familles entières. J'étais…un monstre, le strigoï le plus sanglant de tout Londres. Jack l'Éventreur était un piètre amateur face à Lord Stoneheart. C'est comme ça que l'on me nommait. Le lord sans cœur. J'aimais ça, la vengeance, tout comme j'aimais barrer les noms sur ma liste. Un jour, j'ai retrouvé Jonathan Acker. J'ai tué toute sa famille, sauf la dernière-née. Des années plus tard, elle est devenue une sorcière, a fondé son Coven et m'a piégé. C'était en 1938, à l'endroit même où son père a contribué à faire disparaître les mieux. Les sorcières m'ont piégé en lançant l'une de leur incantation. Ce jour-là, elles m'ont rendu mon âme avant de me faire enfermer dans un cercueil et de me jeter en pleine mer. J'ai passé soixante-dix années enfermé sous l'eau. En retrouvant mon âme, j'ai retrouvé mon humanité et je suis le seul. C'était une torture et ça a duré dix ans avant que je perde connaissance. J'entendais leur voix, leurs cris, je voyais leur visage et la dernière expression dans leur regard avant que…que je ne boive leur sang. » Il ferma les yeux et se prit la tête « -Je suis désolé, tellement désolé. J'ai fait tellement de mal au nom de la vengeance et je vous en fais encore plus en vous disant cela.»



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MessageSujet: Re: La face cachée du mystérieux patient La face cachée du mystérieux patient EmptyMar 15 Nov - 1:23


La face cachée du mystérieux patient




Oscar était une contradiction à lui tout seul. Eva avait envie de lui faire confiance, elle avait d’ailleurs bu ses paroles, jusqu’au moment où il déclara être cet Oscar Stoker, celui qui était né au dix-neuvième siècle et dont la famille avait été assassinée lors de ce sanglant bal rouge. Elle avait été plongée dans l’histoire, ce récit qui prenait aux tripes qui pouvait arracher quelques larmes lors de son tragique dénouement. Mais elle en avait été retirée, comme éjectée lorsque cette déclaration, faite sur le ton d’un aveu, la ramena à la réalité tant elle était impossible à croire. Et puis il y avait toutes ces fois où la chirurgienne avait l’impression de lui causer en chinois tant il ne comprenait pas certaines expressions ou certains mots qu’elle disait, ce qui, chaque fois, la faisait cligner des yeux de surprise. En y réfléchissant, si l’on se trouvait dans un film de science-fiction, tout collait : il avait effectivement été retrouvé au fond de l’eau dans une boite, et Eva se rappelait qu’effectivement l’intérieur de la dite boite était trempé, donc pas étanche, donc il avait été bien immergé. Personne ne pouvait survivre à ça. Son pouls avait un rythme anormalement lent, les fréquences de ses battements cardiaques n’étaient pas suffisants pour maintenir un humain normal en vie, du moins certainement pas pour lui permettre de marcher, ou ne serait-ce que d’être conscient et parler. Le fait qu’il soit surpris de pas mal de choses comme le langage employé, les us et coutumes d’aujourd’hui, ce qui pourrait expliquer qu’il ait été coupé du monde à une certaine époque, soixante-dix ans à l’en croire. Et puis… il savait lire dans les pensées !

-Arrêtez de dire ça, je n’ai jamais dit ou pensé que vous étiez fou, Oscar. Je vous respecte et ne me permettrai pas un tel jugement.

Il avait souri. Quand elle avait argumenté que l’être humain encore vivant le plus âgé avait cent huit ans, le britannique avait souri. Un sourire d’un tel charme, un vrai rayon de soleil qui éclairait son visage. Elle ne put s’empêcher de faire de même, c’était communicatif. Pourtant, le sujet ne prêtait pas à sourire. Il insista, confirmant qu’il avait bel et bien l’âge canonique de deux-cent-seize ans. Le double de la personne la plus âgée au monde. Et il était canon ! Loin d’un vieillard décrépissant. Et comme pour la rassurer, Oscar déclara qu’il ne lui ferait aucun mal. Elle hocha lentement la tête, cherchant son regard.

-Parce que je ressemble à Lucy ? Si je ne lui avais pas ressemblé, les choses seraient différentes ?

Elle se tut, le regardant dans les yeux. La question pouvait paraitre maladroite, mais il avait sorti ça comme un lien de cause à effet : ressembler à cette Lucy était sa planche de salut. C’était ce que cela voulait dire. Sentir sa main saisir la sienne à ce moment-là la fit frissonner, presque sursauter. Oscar avait été amoureux de cette femme, et elle lui avait été retirée de la manière la plus cruelle qui soit. Que cet homme avait souffert. Eva ressentait beaucoup de peine et de compassion à voir un être qui semblait si doux souffrir de la sorte.
L’anglais lui expliqua ensuite ce qu’il était. Un Strigoï. Et que celui qui l’avait agressée lorsqu’ils s’étaient revus, la seconde fois, était un Moroï. Eva ne saisissait pas bien encore tout ce que cela signifiait.

-Qu’est-ce que ça veut dire ? demanda-t-elle naïvement.

Oscar expliqua ensuite que les légendes recélait une grande part de vérité. Il relata la suite de l’histoire. Ce qu’il était devenu après ce bal, après sa transformation.

-Comment est-ce possible ? murmura-t-elle comme pour elle-même.

Ce qu’il lui disait paraissait irréel. Les vampires existaient, il en était un, et il avait tué des gens, des familles entières selon ses propos. Lui. Oscar Stoker était un meurtrier. Il buvait le sang de ses victimes. Eva avait cette désagréable impression que la tête lui tournait.

-Oscar… ce que vous dites est terrifiant… Je… Enfin… je ne vois pas comment tout cela peut être vrai…

Pourtant, il parlait avec tant de conviction, et son regard transpirait la sincérité. Il aurait pu lui dore qu’il avait fait Jupiter-Mars en marchant sur un fil qu’elle aurait pu trouver cela plausible tellement il était convaincant. Complètement abasourdie par ces révélations qu’elle avait encore du mal à croire, la chirurgienne se laissa tomber allongée sur le dos dans le sable. Son regard fixait le ciel étoilé, la bouche légèrement entrouverte trahissait sa réflexion. La barrière entre le déni et l’acceptation était de plus en plus fine. Et c’était effrayant de se dire que toutes ces histoires qui faisaient peur à base de loups-garous, sorcières et autres démons étaient peut-être vraies ! Carrément flippant même. Etait-elle victime d’une gueule de bois étrange ? Pourtant, elle n’avait pas bu, pas depuis quelques jours, d’ailleurs la dernière fois, c’était lors de cette fameuse soirée où Oscar l’avait sauvée des griffes de ce type étrange qui s’était donc avéré être un… Moroï ?
Eva prit une grande inspiration et essaya de démêler tout ça dans sa tête. Le pauvre Oscar semblait en proie à des remords. Si ce qu’il disait était vrai, il y avait de quoi. Cependant, vouloir venger le meurtre de sa famille était quelque chose qu’elle pouvait comprendre. Elle-même ayant perdu ses parents de manière similaire, si on lui avait donné l’opportunité de les venger, elle ne savait pas si elle n’aurait pas cédé à la tentation d le faire.

-Vous avez voulu venger votre famille. Qui pourrait vous en brimer ? Par contre, avoir fait du mal à des personnes innocentes… Oscar, vous regrettez ce que vous avez fait ? Si vous êtes réellement désolé, si vous voulez changer, vous le pouvez.

Et puis c’était il y avait des décennies, il y avait prescription au moins sept fois. Cela n’excusait pas le meurtre mais cela expliquait qu’il ait eu largement le temps de penser à ce qu’il avait fait.



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MessageSujet: Re: La face cachée du mystérieux patient La face cachée du mystérieux patient EmptyJeu 17 Nov - 3:54


La face cachée du patient mystérieux

“Chacun de nous est une lune, avec une face cachée que personne ne voit.”- Mark Twain






Il n'est pas aisé de dire la vérité, encore moins lorsqu'il est question de définir sa véritable nature. Mais il était à présent trop tard pour tourner les talons et faire comme si rien ne s'était passé. Trop de mystères, trop d'incertitudes, trop de choses inexplicables entourées l'ancien Lord, un « trop » qui ne pouvait continuer à perdurer face à une personne de la trempe d'Eva Cortez. La demoiselle atteinte d'un mal nommé curiosité, avait elle-même de son côté, cherchait à éluder un à un tous ces « trop » entourant le curieux gentleman britannique à côté de la plaque pour le commun des mortels, voir même totalement à l'ouest, mais qui semblait juste « paumé » aux yeux de Miss Cortez qui semblait ne pas être prompte aux jugements. Une chance dans un monde où l'on passe le plus clair de notre temps à noter et apprécier ceux et celle qui nous entoure d'un clic, un seul et unique clic accusateur qui a la faculté de nous reléguer au statut de paria. Et si Oscar ne connaissait pas encore tous les codes de ce nouveau monde, nul doute que ce cher Asael ne manquerait pas de l'initier.


Pour l'heure Mr Stoker jouissait d'une inculture qui le préservait de ce monde d'apparence et de jugements permanents. Se sentait à l'aise malgré ce qu'il avait à dire, il consentit donc à raconter son histoire sans se pourvoir du moindre mensonge. La jeune femme lui ayant en quelque sorte sauvé la vie, il lui devait la vérité et ayant été un homme pourvu de principes, il ne pouvait se résoudre à transiger son code moral. Il évoqua donc la première partie de sa vie. Bien sûr avec de tels événements et une date plus que lointaine, il craignait d'être pris pour un fou. Il le fit d'ailleurs savoir à son interlocutrice qui ne manqua pas de le reprendre, s'échinant ainsi à lui faire comprendre qu'elle ne le prenait pas pour un fou et qu'elle le respectait trop pour porter un tel jugement à son égard. Le vampire fut touché par cette réplique. Le croyait-elle vraiment pour évoquer avec conviction le respect qu'elle était en droit de lui refuser ? Pas fier, le vampire s'immisça malgré tout dans ses pensées afin d'avoir une réponse à son interrogation et de savoir sur quel pied danser avec elle.


Contradiction, mystère, confiance, tristesse, compassion… Voilà ce qui ressortait de cette immersion dans les pensées d'Eva. Le récit d'Oscar l'avait touché à tel point que ses yeux commençaient à briller anormalement. Puis, toujours encline à la réflexion et désireuse d'avoir des réponses, la belle continua, dans ses pensées, à étayer sa réflexion avec tous les arguments exposés par Oscar. Elle commença à y croire, tout semblait faire sens et malgré son appartenance au monde médical, elle ne rejetait pas en bloc la possibilité qu'un être assimilé à l'univers du surnaturel puisse lui faire face. Preuve que le malaise était inexistant, les deux protagonistes échangèrent un sourire empli de sincérité et de douceur rappelant à Oscar qu'il était encore capable de sourire de la sorte malgré le siècle passé sans pratique. Car oui, ce genre de sourire ne peut être porté par une créature perfide, mauvaise, avide de sang et de vengeance. Nul doute qu'il faut être humain ou posséder une âme pour prétendre à un tel prodige. Le beau vampire put ainsi prendre la pleine mesure du charme que dégageait la belle Eva en laissant paraître ce beau, ce doux sourire qui à n'en pas douter avait fait fondre bien des hommes. Des hommes qui avaient certainement dû la faire souffrir en retour. « C'est ce qu'ils font tous ! » C'est peut-être pour cela qu'il se sentit presque obligé de lui faire savoir qu'il ne lui ferait aucun mal, ça et le fait qu'il appartienne à une autre race que celle des humains. La réponse qu'apporta la jeune femme désarçonna notre British qui cessa de laisser son regard valdinguer vers un horizon meilleur.


« -C'est vrai que je ne peux me résoudre à vous mentir. Oui, la ressemblance avec Lucy me perturbe et peut-être que ça justifierait le fait que je sois incapable de vous faire du mal. Mais il y a d'autre facteur à prendre en considération, vous savez ! » Il garda sa main dans la sienne, espérant ainsi la convaincre qu'au-delà de la ressemblance avec Lucy, il était de toute façon incapable de lui faire le moindre mal. Il prit ensuite sur lui pour offrir une suite à son récit, une suite qui permettrait la délivrance d'un lourd secret. Il prit donc une grande inspiration, retira sa main et lui énonça la partie la plus sombre de son histoire et de son être, lui révélant ainsi sa véritable nature. « - J'ai conscience que cela peut vous paraître absurde, voir totalement fou, mais c'est possible. Tout ce qui s'apparente à du folklore est bel et bien réel, j'en suis malgré moi la preuve vivante, bien que je conçoive que ce terme ne soit pas le plus adéquat pour parler de moi. Eva, je sais, je sens que tout cela vous ébranle, que c'est effrayant effectivement. » Il eut à peine le temps d'achever sa phrase que la demoiselle s'allongea sur le dos dans le sable au grand étonnement de son interlocuteur qui s'inquiéta de la voir réagir de la sorte. « -Vous vous sentez bien ? » Sans trop savoir pourquoi, il en fit de même et se laisser donc tomber sur le dos, le regard rivé sur le ciel étoilé « -Je sais que c'est difficile d'accepter de telles choses. Sachez toutefois que si vous choisissez le déni, je ne pourrais vous en vouloir. » Il se tue enfin, continuant à regarder les étoiles, le remord ne le quittait plus à présent. Toutefois, la voix d'Eva le ramena à la réalité et fit presque preuve de compassion ce qui étonna le vampire qui tourna le visage sur le côté pour mieux la voir.


« -Que reste-t-il à un homme lorsqu'on lui prend tout ?! Rien. Lorsque j'ai été initié, j'ai perdu mon humanité et mon âme. Ce « rien » s'est mué en désir de vengeance qui s'est lui-même transformé en obsession. Je ne veux pas me justifier, de toute façon, je suis indéfendable. Vous savez, j'ai aimé ça, c'était une passion, une addiction. Donner la Mort, mais plus encore, éradiquer les coupables et leur descendance. J'ai fait tellement de mal, j'ai accompli tellement d'atrocités. Mais dès que ces sorcières m'ont maudit, la colère et la vengeance ont totalement disparu et j'ai à nouveau ressentit ce « rien » avant d'être enfermé dans cette caisse. Mon âme m'a rendu toutes mes émotions. C'est bien la pire des malédictions pour un être qui a commis tant d'atrocités. » Il se redressa et posa à nouveau son regard sur l'océan « - J'aimerai tout oublier, voir même tout recommencé. Oui, je regrette, je regrette absolument tout » Il se tourna vers elle pour la regarder tristement « -Vous ne cautionnez pas le meurtre, mais vous ne niez pas le désir de vengeance ! C'est même une tentation à laquelle vous auriez pu céder n'est-ce pas ? Je sens beaucoup de souffrance en vous Eva » Il déposa sa main sur sa joue et la retira aussitôt se rappelant après coup que son corps tout entier était froid, bien plus que le sien. « -On vous a pris des êtres chers n'est-ce pas ? Voulez-vous m'en parler ? Je crois que l'expression adéquate, c'est « vider son sac » ! Eva, vous pouvez me parler. Je sais que nous sommes de parfaits inconnus et qu'avec mes récentes révélations, je ne parais pas sous le meilleur des profits à votre égard. Mais je vous l'ai dit, je ne vous ferez aucun mal ni physiquement, ni verbalement. Soyez-en certaine !»

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MessageSujet: Re: La face cachée du mystérieux patient La face cachée du mystérieux patient EmptyVen 18 Nov - 14:18


La face cachée du mystérieux patient





Eva avait l’impression de rêver. Pas au sens féérique du terme, loin de là, mais plutôt l’impression qu’on l’avait transportée dans un monde différent du sien, une sorte d’univers parallèle qui ressemblait à s’y méprendre à celui dans lequel elle avait toujours vécu, à ce détail près que tout ce qui appartenait au monde des légendes et mythes était vrai, et qu’on en parlait comme elle discuterait de sa dernière transplantation cardiaque effectuée. Oscar lui disait le plus naturellement du monde que les vampires, sorcières et autres créatures liées au folklore existaient bel et bien. En gros, tout ce que la jeune femme avait toute sa vie considéré de loin sans tellement s’y attarder puisqu’on lui avait inculqué depuis son plus jeune âge que ce n’était que légendes et fausses histoires, était en réalité bien existant. Comment ne pas être déboussolée après de telles révélations ? Surtout que le britannique était désarmant de sincérité, à aucun moment, malgré l’étrangeté de ses propos, la chirurgienne ne pouvait s’imaginer qu’il mentait. Tout en lui, sa voix, son regard, son attitude désolée, tout, absolument tout trahissait une vérité difficile à avouer, mais qu’il avouait malgré tout.

Le vampire évoqua la ressemblance frappante qu’avait la jolie brune avec sa fiancée de l’époque, Lucy, comme l’une des raisons qui faisait qu’il ne pourrait jamais lui faire de mal. Eva ne put s’empêcher de demander s’il en aurait été autrement si elle ne lui avait pas ressemblé. Après tout, il avait avancé cela comme un lien de cause à effet. Mais elle comprit bien vite qu’Oscar semblait incapable désormais de faire du mal à qui que ce soit, puisque les sorcières l’avaient pourvu de nouveau de son âme. Que c’était étrange à entendre ! Encore une fois, elle avait l’impression de lire une histoire dans un livre de contes. Mais non, ce n’était que la biographie du Lord, racontée de vive voix par ce Lord en personne. Oui, c’était effrayant. Mais fascinant à la fois. La chirurgienne s’allongea sur le sable, fixant le ciel étoilé, ce qui sembla surprendre son interlocuteur.

-Oui, ça va… Enfin je crois. Je… j’aime bien regarder les étoiles, ça m’aide à réfléchir.

Elle l’écouta lui parler. Il faisait preuve de compréhension, tout comme elle avec lui.

-Comment pourrais-je nier quelque chose qui est vrai ? ça irait contre tout ce en quoi je crois. Vous me démontrez une vérité par A+B, bien qu’elle soit difficile à admettre, je dois bien reconnaitre les faits. Je pensais que les gamins affabulaient quand ils disaient avoir remonté la boite de plus de trente mètres de profondeur. Personne ne peut survivre à une telle remontée sans y être entraîné de manière professionnelle, et surtout aussi rapidement.

Elle se tut, fixant son regard sur la grande Ourse, s’amusant à relier les étoiles entre elles avec son index. Puis, elle reposa sa main dans le sable et écouta Oscar. Son histoire, à la fois tragiquement triste et horriblement cruelle, faisait froid dans le dos. Lui qui dégageait une telle gentillesse, lui racontait qu’il était par le passé une sorte de tueur en série ! Elle frissonna, l’entendant dire qu’il avait commis toutes ces atrocités.

-Vous semblez tellement différent de la personne que vous dépeignez. Vous êtes différent aujourd’hui, vous avez retrouvé votre âme d’humain, c’est bien ça ? Vous êtes un autre homme, prêt à démarrer une nouvelle vie. C’est ce que vous devez faire, vous ne devez absolument pas redevenir cet être assoiffé de sang. Oh pardon, j’ai peut-être mal choisi le terme. D’ailleurs, comment faites-vous pour vous nourrir ? Vous … c’est comme dans les films, vous mordez les gens dans le cou ? Vous aviez dit que vous ne faisiez plus de mal maintenant…

La chirurgienne se mit sur le côté pour faire face à Oscar, pour le regarder pendant qu’il lui parlait. Etrangement, elle lui faisait confiance. Il avait promis qu’il ne lui ferait aucun mal et elle avait envie de le croire, elle le croyait. Elle ferma les yeux lorsqu’il posa sa main froide sur sa joue, argumentant qu’elle aussi avait eu par le passé une certaine envie de vengeance.

-Oscar, vous recommencez ! Arrêter de piocher des info dans ma tête ! le gronda-t-elle. Je préfère que vous demandiez.

Bien entendu, elle repensait à ses parents, et sentit son cœur se serrer. Comme ils lui manquaient ! Bien sûr, elle avait Clint, son cher « tonton Clint » qui faisait office de père de substitution. Mais ce n’était pas pareil. Oscar l’invitait à se confier à lui. Après tout, ne lui avait-il pas dit l’inavouable vérité sur son passé ? Elle pouvait bien lui raconter le sien, ce n’était après tout pas un secret.

-J’ai perdu mes parents il y a quelques années. Ils ont été assassinés chez eux. Un cambriolage qui aurait mal tourné apparemment. J’ai un peu de mal à y croire, voyez-vous, mon père était flic, et plutôt le genre compétent. Ils habitaient à Boston, et cette nuit-là, j’étais à Salem en train de fêter l’obtention de mon internat de chirurgie.

Elle ferma les yeux, une larme roulant sur sa joue.

-La dernière fois que je leur ai parlé, c’était au téléphone pour leur annoncer que j’étais officiellement chirurgien. Je n’ai même pas pu les serrer dans mes bras. J’aurais dû rentrer directement au lieu de rester là-bas. Peut-être que les choses auraient été différentes.

Eva essuya ses larmes d’un revers de manche, se ressayant à son tour pour être face à l’océan.

-Voilà,la vérité c'est que je culpabilise de n’avoir pas été là quand ils avaient besoin de moi. Si j’ai eu envie de retrouver l’enfoiré qui a tué mes parents pour me venger ? Oui, bien entendu. Mais je ne sais pas si j’aurais été capable d’aller jusqu’au bout. De toute façon, la police n’a jamais pu trouver son identité. Je me dis que la vie s’occupe toujours de punir ceux qui le méritent. Je l’espère.

Elle le regarda à nouveau dans les yeux.

-Vous pensez que c’est mal d’espérer ce genre de choses ?

La brise marine vint faire virevolter ses cheveux, lui procurant un frisson au passage. Elle croisa les bras en recroquevillant ses jambes contre son buste, faisant attention à ne pas trop s’appuyer sur sa cheville.



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Eva Cortez
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