Reunions of besides grave

L'été parachevait son œuvre. Les plages étaient gorgées de monde au vu de la chaleur, les commerces et lieux pourvus de climatisation étaient eux aussi assaillit de toute part. Les glaciers sortant leur échoppe flamboyantes, faisaient leur chiffre d'affaires et abreuvaient les humains de glaces. D'ailleurs, c'est conjointement que la chaleur et le soleil œuvraient pour rendre les sorties moins pénibles. À noter, une explosion des ventes de ventilateurs. Tout un tas de choses inhérentes au commun des mortels, qui échappent à certains êtres terraient sous terre, bien au froid dans leur caniveau-habitation, jusqu'à ce que le jour consente à laisser sa place à la nuit, afin qu'à leur tour, ils consentent à savourer la douce quiétude de l'été. Allongé sur un vieux matelas, plongé dans le sommeil depuis le levé du jour, Oscar voguait entre ses souvenirs. Délesté de la moindre quiétude, le cœur lourd, il parcourait les événements de ses existences comme l'on feuillette les pages d'un vieux livre. Les différents chapitres étaient riches de nombreuses péripéties, les tragédies y étaient nombreuses au moins autant que celles des grands héros grecques. Chaque peinture différait malgré la dominance de rouge. Le sang coulait à profusion encore et toujours, intarissable, conférait ainsi une funeste dominance à chaque tableau. À cela s'ajoutait les cris. Certains familiers, d'autres inconnus, mais tous résonnaient difficilement aux oreilles du strigoi qui percevait la détresse de ses proches et celle de ses victimes avant que la mort ne les emporte finalement. Les scènes se répétèrent encore et encore, les visages des proches du Lord apparaissaient dans les ténèbres avant de se mouvoir dans sa direction et tels les plats que Tantale ne peut atteindre, Oscar qui faisait face aux êtres aimés, ne pouvait malgré tout les toucher. Il devait se contenter de les voir disparaître, ne laissant derrière eux qu'une mare de sang.


Ô tentation ignoble dont il ne pouvait se résoudre à résister. La survie est prédominante et en de telles circonstances, même après plus de soixante-dix ans de « manque de pratique » il est difficile de retrouver ses repères. Une difficulté qui s'accroît avec la cohabitation de Miss Culpabilité, une cohabitation rendue possible par le biais de ces satanées sorcières et leur magie, qui pour punir celui que l'on nommait encore à l'époque « Lord Stoneheart » en raison de sa barbarie à peine cachée, lui avait rendu son âme avant de l'enfermer dans une boîte et de le jeter en pleine mer. Une âme, le dernier bastion d'humanité avant la plongée dans les abysses sans fin. Un cadeau pour les humains (qui savent en faire bon usage) une plaie pour les strigoi pourvu de quelques années d'expérience dans l'art du massacre. Aussitôt enfermé dans sa boîte « mortuaire », le vampire recouvrit des sensations qu'il ne pensait dès lors jamais plus ressentir. Les images des massacres commis au nom de la vengeance lui revirent en mémoire. Les cris, les pleurs, la sueur, le sang, les enfants, la fatalité qui s'abat sur des familles entières… Il souffrait à présent, tellement qu'il se mit à hurler jusqu'à en perdre la voix. Il essaya de s'échapper à plusieurs reprises en tapant contre les parois du cercueil, mais rien n'y faisait. Il finit cependant par perdre connaissance après plus d'une décennie de souffrance.


Soixante-ans plus tard, lorsque de malheureux jeunes en quête de sensations fortes, sortirent un imposant coffre du fin fond de l'océan, ils libérèrent une bête assoiffée de sang, qui laissa ses instincts primaires, lui dicter sa conduite. Mais ce qui aurait dû être un moment de plaisir pour le strigoi se transforma en un moment fort désagréable. Une fois le premier jeune délesté de tout son sang. Reput la créature tenta vainement de s'enfuir… Il n'était plus le même, Lord Stoneheart avait totalement disparût pour laisser place à une créature avide de sentiment qui était désormais incapable de savourer le sang humain sans éprouver la moindre culpabilité. Pourtant, il le fallait, car il devait se nourrir. Les sdf étaient des cibles privilégiés, seuls, isolés et à priori sans grande importance. Ils furent donc les premières victimes du strigoi, qui pour ne pas éveiller les soupçons, ne chassait jamais au même endroit. Cela ne dura qu'un temps, forcé de constater que plus le temps passait et plus il était incapable de tuer un être humain sans se sentir mal, tellement qu'il ne pouvait savourer le fruit de sa chasse. Après une énième tentative, il décida bien malgré lui, de cesser le sang humain pour se tourner vers l'animal. Les rongeurs furent ses nouvelles cibles. En parfait chasseur, il attendait la nuit pour les chasser, faisant ainsi de la concurrence aux autres prédateurs. Il se rendait aussi, de temps à autre dans les bois, un véritable garde-manger. S'en satisfaisait-il ? Non, mais avec ça, il pouvait survivre. Il espérait néanmoins, non sans naïveté, qu'une autre alternative se présente à lui. Et il ne pensait pas si bien dire, l'alternative en question, prit la forme de deux gorilles qui l'attendaient patiemment devant sa crypte.


« -Bonsoir ! Je crois messieurs que vous vous êtes trompé d'endroit ! Je ne reçois pas de visiteurs ! » lança-t'il tâchant de cacher, comme il pouvait le fruit de sa chasse nocturne.

« -On n'est pas la pour te faire la causette ! » grogna le premier gorille.

« -Ah je vois et puis-je au moins savoir ce qui me vaut l'honneur d'une si agréable visite ? »

« -Tu es celui qui a été repêché ? » demanda le second. Oscar fronça les sourcils et fit mine de ne pas comprendre. « -Je ne vois pas de quoi vous parlez ? Je pense que vous vous êtes trompé de personne messieurs. » Les deux balourds échangèrent un regard, le premier reprit la parole « - Vous êtes bien Oscar Stoker non ? Lord Stoneheart ?! » Cette fois, l'intéressé ne pouvait plus mimer la surprise, il est clair que les deux gorilles en connaissant un rayon sur lui et vu l'odeur qu'ils dégageaient, il était évident qu'ils n'appartenaient pas à la race humaine.

« - Bien, je suis découvert, je ne vais pas feindre la surprise, puisque de toute évidence vous êtes bien informé. Qu'est-ce que vous me voulez ? »

« -Vous allez nous suivre ! Quelqu'un voudrait vous rencontrer ! »

« -Je suppose, au vu de votre massive présence, qu'il m'ait déconseillé de refuser. Bien, je vous suis »

Bien sûr le strigoi n'aurait eu aucun mal à neutraliser les deux molosses, mais avide de curiosité, il accepta quand même de les suivre, non sans rester méfiant à leur égard. Sans attendre, il suivit les deux malabars jusqu'à un Vant aux vitres teintées. Ils le firent entrer à l'intérieur par-derrière et prirent place très rapidement à l'avant. Une nouvelle alternative prenait forme, mais ça, l'ancien Lord l'ignorait encore.